2020 est la Super Année du développement Durable – l’année où nous pourrions tout changer, alors que d’importantes décisions sont prises sur le climat et la biodiversité au niveau mondial. Le Parlement européen ayant déclaré une urgence climatique en fin d’année 2019, la montée en puissance est palpable. Malgré les incertitudes résultantes de la COP25, près de la moitié du PIB mondial est couvert par des objectifs ou des engagements net-zéro. Le secteur des entreprises fait également du changement climatique la priorité absolue en matière de développement durable, répondant à la pression croissante des investisseurs et des consommateurs.
Désireux de se positionner en tant que leaders du pack climat, un nombre croissant d’entreprises relèvent les enjeux et s’engagent pour la destination climat que les leaders de la science ont fixé : zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 ° C. Ce qui vient ensuite, c’est de veiller à ce que ces engagements « neutralité carbone », « net-zéro », voire « climat neutre » soient traduits en plans d’action qui atteindront effectivement net-zéro.
Une stratégie net-zéro crédible réduit d'abord les émissions autant que possible, puis équilibre les émissions résiduelles grâce à des mécanismes d’élimination de carbone. Les chefs d'entreprise qui adopteront cette priorité - et achemineront les capitaux en conséquence au cours de la prochaine décennie - détermineront si nous atteindrons notre destination 2050.
On nous demande souvent si une stratégie en neutralité carbone illustre une action climatique ambitieuse. La réponse dépend de ce que la stratégie implique. Le « net-zéro » est atteint lorsque les activités de la chaîne de valeur d’une entreprise n’entraînent aucun impact net sur les Gaz à Effets de Serre (GES). Les entreprises y parviennent en réduisant le plus possible les émissions de GES et en équilibrant les éliminations de dioxyde de carbone (EDC). L’efficacité et la légitimité du passage au net-zéro d’une entreprise dépendent de la façon dont cette dernière priorise les réductions d’émissions de GES par rapport aux EDC.
Les crédits carbone : remède miracle où fausse piste ?
Certaines entreprises ont misé sur les crédits carbone pour atteindre la neutralité carbone. Ces crédits sont considérés comme une « solution miracle », une solution simple à un problème complexe. Mais se précipiter vers ces derniers peut devenir une « fausse piste », distrayant les entreprises de la véritable transformation dont elles ont besoin pour continuer à prospérer dans les années à venir. Une stratégie net-zéro crédible est une stratégie long terme. Les entreprises doivent d’abord investir dans la mise en place d’une stratégie solide de réduction de l’impact climatique plutôt que de consommer du capital en crédits de carbone annuels pour se précipiter vers zéro.
« Il peut être intéressant pour une entreprise de « faire un bond jusqu’à zéro » en compensant toutes les émissions actuelles en achetant des crédits carbone et en déclarant avoir atteint la neutralité carbone ou climatique », déclare Charlotte Bande, expert en stratégie climatique chez Quantis. « Mais si les entreprises investissent dans des crédits carbone annuels au détriment de la mise en place d’une stratégie fondée sur la science du net-zéro, elles pourraient se retrouver dans une situation plus précaire dans cinq ou dix ans – financièrement, écologiquement et en termes de réputation.
Définir des objectifs net-zéro crédibles
À l’heure actuelle, les objectifs de « neutralité » des entreprises varient considérablement en termes de champ d’activités couvertes, d’impact climatique, d’atténuation des risques et de délais. Alors que les détails des objectifs de net-zéro fondés sur la science sont encore en cours d’élaboration, le cadre est clair : d’abord réduire les émissions autant que possible, puis équilibrer les émissions résiduelles avec l’EDC. Les chefs d’entreprise qui réussissent – et acheminent les capitaux en conséquence au cours de la prochaine décennie – détermineront la capacité du monde à atteindre notre destination 2050.
En septembre 2019, la « Science Based Targets initiative (SBTi) » a publié un document rigoureux, Towards a science-based approach to climate neutrality in the corporate sector, basé sur les descriptions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Alors que la SBTi se prépare à publier des orientations et des critères définitifs sur comment définir ce type d’objectifs d’ici mi-2020, trois éléments clés ressortent déjà :
+ Clarifier l’ambition de votre objectif
Lorsque les entreprises se fixent un objectif de neutralité, il est important de suivre les définitions du GIEC des différents concepts de neutralité pour délimiter le champ d’impacts climatiques couvert par l’objectif de l’entreprise.
- « Neutralité carbone » fait référence à des émissions nettes de dioxyde de carbone.
- « Zéro émission nette » comprend d’autres GES au-delà du dioxyde de carbone, tels que le méthane, Protoxyde d’azote, etc.
- « Neutralité climatique » englobe tous les GES et « effets biogéophysiques régionaux ou locaux d’activités humaines » – il est particulièrement pertinent pour le secteur de l’aviation.
+ Tout d’abord : des objectifs de réduction fondés sur la science
Le pilier d’un objectif net-zéro crédible est un objectif de réduction fondé sur la science. Les entreprises font preuve d’une ambition climatique crédible en fixant d’abord un objectif scientifique pour décarboniser les émissions de leur chaîne de valeur. Donner la priorité à un plan de réduction est plus ambitieux car il nécessite l’engagement des parties prenantes internes et la transformation des modèles économiques. Les investissements pour réduire les émissions peuvent sembler complexes et coûteux par rapport à un plan de compensation externe. Mais les stratégies de réduction ont un effet permanent, alors que les crédits carbone sont un coût annuel : une tonne de carbone compensée en 2020 devra être rachetée en 2021.
+ Les éliminations de dioxyde de carbone : c’est pour le reste
Les éliminations de dioxyde de carbone devraient être utilisées « dans une certaine mesure pour neutraliser les émissions provenant de sources pour lesquelles aucune mesure d’atténuation n’a été identifiée ». Elles devraient être utilisées en plus des efforts de réduction, et non comme un substitut à la décarbonisation. Toutes les solutions d’ajustement des émissions ne sont pas créées de manière égales et des critères sont encore en cours de définition. L’utilisation la plus efficace de l’EDC est celle qui se produit dans la chaîne de valeur d’une entreprise.
« Il peut être intéressant pour une entreprise de « faire un bond jusqu’à zéro » en compensant toutes les émissions actuelles en achetant des crédits carbone et en déclarant avoir atteint la neutralité carbone ou climatique. Mais si les entreprises investissent dans des crédits carbone annuels au détriment de la mise en place d'une stratégie fondée sur la science du net-zéro, elles pourraient se retrouver dans une situation plus précaire dans cinq ou dix ans - financièrement, écologiquement et pour leur réputation. »
Charlotte Bande, Expert en stratégie climatique, Quantis
Une stratégie en neutralité carbone démontre-t-elle donc une action climatique ambitieuse ? Un récent reportage de France Inter a souligné que 82% des plus grandes entreprises françaises n’avaient pas de stratégie de neutralité carbone en 2018, et a utilisé ce critère pour évaluer la gravité de l’ambition climatique d’une entreprise. Comme nous l’avons vu, nous ne pouvons pas dire grand-chose de ce seul critère. De toute évidence, les stratégies à court terme telles que « neutralité carbone en 2019 » ne garantissent aucun changement important des modèles économiques requis pour s’aligner sur un avenir à 1,5 degré.
Pour déterminer l’ambition climatique, une meilleure question serait de savoir si : « cette entreprise s’est-elle engagée à développer un modèle économique conforme à 1,5 ° C visant net-zéro d’ici 2050 ? » C’est exactement ce que la campagne Business Ambition for 1.5, récemment lancée par UN Global Compact a pour vocation. À ce jour, 177 dirigeants d’entreprise se sont engagés à poursuivre la transformation durable de manière crédible et fondée sur la science.
Chez Quantis, nous appelons à la Super Année 2020 avec l’espoir et l’attente de voir plus de responsables climatiques audacieux, monter en puissance et rallier leurs entreprises autour de cette vision partagée. Nous sommes impatients de faire ce voyage ensemble : destination net-zéro 2050 !
Prêt pour un engagement net-zéro ? Laissez Charlotte vous guider
Charlotte Bande
Responsable de la Stratégie Climatique
Quantis