Le Parlement européen a adopté un règlement ambitieux visant à enrayer le déclin des écosystèmes en danger. Cette législation marque un tournant majeur dans les politiques environnementales de l'UE et promet d'avoir un impact significatif sur les entreprises dans les prochaines années.
Le 27 février, une étape cruciale a été franchie dans la lutte pour la préservation de la biodiversité en Europe. Le Parlement européen a adopté un règlement ambitieux visant à enrayer le déclin des écosystèmes en danger. Cette législation marque un tournant majeur dans les politiques environnementales de l’Union européenne (UE) et promet d’avoir un impact significatif sur les entreprises dans les prochains mois et années.
Le texte adopté exige que les États membres de l’UE mettent en œuvre des mesures de restauration sur 20 % des terres et des espaces marins de l’Union d’ici à 2030, en priorité dans les zones Natura 2000. Ces mesures, intégrées dans le cadre du Pacte vert européen, visent à restaurer 100 % des terres dégradées d’ici 2050, avec un objectif intermédiaire de 20 % d’ici 2030.
Ce nouveau règlement représente un tournant majeur pour les entreprises, en particulier celles opérant dans les secteurs de l’agriculture, la sylviculture, la pêche, du développement immobilier et d’infrastructure (tel que l’énergie et les télécoms). Elles pourraient être contraintes de mettre en place des actions spécifiques visant à restaurer les habitats naturels et les écosystèmes qu’elles ont altérés, marquant ainsi un changement crucial dans la manière dont ces secteurs doivent gérer leur impact sur l’environnement.
Comment les entreprises doivent s’adapter à ce nouveau défi
Les exigences de cette proposition vont au-delà de simples contraintes réglementaires pour les entreprises européennes. Elles marquent le début d’une ère où la préservation de la biodiversité devient un impératif incontournable, imposant aux acteurs économiques une profonde réorientation de leurs pratiques et de leurs stratégies. Face à cette nouvelle donne environnementale, les entreprises doivent se préparer à des changements fondamentaux qui vont redéfinir leur façon d’opérer et leur relation à la nature. Voici quelques-uns des principaux impacts attendus :
- Coûts de mise en conformité et investissements supplémentaires : Les entreprises devront investir dans des pratiques de gestion durable de l’environnement et de restauration des écosystèmes. Cela pourrait entraîner des coûts initiaux de mise en conformité élevés, notamment pour les entreprises qui opèrent dans des zones où les habitats naturels sont dégradés. Le secteur de la finance joue donc un rôle important pour soutenir cette transition et ces investissements.
- Changements dans les pratiques agricoles et adaptation des modèles économiques : Les agriculteurs, tout comme d’autres secteurs économiques, seront confrontés à des exigences accrues en matière de conservation des sols et de préservation de la biodiversité, afin de s’aligner sur les objectifs de restauration de la nature. Ce qui nécessitera une refonte et une adaptation des modèles économiques de certaines entreprises. Ce nouveau règlement pourrait aussi imposer des restrictions sur certaines activités économiques dans des zones désignées pour la restauration de la nature, limitant ainsi les possibilités de développement dans certaines zones ou modifiant les conditions sous lesquelles certaines activités peuvent être menées, telles que la construction de nouveaux hôtels ou de parcs éoliens.
- Opportunités économiques dans la restauration de la nature : D’un autre côté, le règlement pourrait également créer de nouvelles opportunités économiques pour les entreprises spécialisées dans la restauration de la nature et la gestion des écosystèmes. Les entreprises innovantes proposant des solutions technologiques et des services de restauration pourraient bénéficier d’une demande croissante de la part des gouvernements et des entreprises cherchant à se conformer aux nouvelles réglementations. De plus, un engagement plus marqué dans la restauration de la nature réduira considérablement les risques liés à la nature pour toutes les entreprises, tels que la baisse des rendements due à l’appauvrissement des sols, l’effondrement des populations de pollinisateurs et d’auxiliaires de culture, l’inondabilité et les pénuries d’eau. Les entreprises qui investissent dans la restauration de la nature deviendront plus résilientes face aux aléas climatiques. Elles peuvent favoriser le retour d’habitats naturels entre autres, avec une meilleure gestion de la ressource en eau, une réduction de l’érosion des sols ou encore avec une régulation des ravageurs.
- Pression accrue des parties prenantes et des consommateurs : Les entreprises seront soumises à une pression croissante de la part des autres parties prenantes comme les investisseurs, les ONG environnementales et aussi les consommateurs, pour adopter des pratiques commerciales durables et contribuer à la préservation de la biodiversité. Les entreprises qui ne parviennent pas à se conformer au règlement pourraient être confrontées à des répercussions sur leur réputation et leur accès aux marchés.
Recommandations pour une restauration efficace de la nature
Si nous aspirons à inverser la tendance de la perte de biodiversité et à préserver les services essentiels qui soutiennent notre économie et la vie humaine, tels que l’approvisionnement en eau, la fertilité des sols, les ressources naturelles et les cycles des nutriments, il est crucial d’adopter des pratiques de conservation et de restauration écologiques des écosystèmes. Ces services écosystémiques forment le fondement même sur lequel repose notre bien-être et notre prospérité, rendant leur protection non seulement un impératif environnemental, mais aussi un enjeu économique et social.
Afin de lutter efficacement contre le déclin de la biodiversité, les entreprises doivent s’engager dans une série d’actions allant de la conservation (éviter et réduire), à la restauration en passant par la transformation. Elles doivent également s’adapter à un environnement réglementaire en constante évolution. Pour réussir la restauration des écosystèmes dégradés, l’approche adoptée doit être holistique, systémique et nécessiter une planification dans le temps, une mise en œuvre adaptative et une collaboration à tous les niveaux. Voici quelques recommandations pour mettre en place des actions de restauration efficaces :
- Une approche basée sur la science : Avant de commencer les efforts de restauration, évaluez l’état actuel de l’écosystème pour comprendre les impacts, les espèces affectées et les processus écologiques dégradés.
- Objectifs clairs et mesurables : Définissez des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, pertinents et temporels (SMART) pour la restauration, basés sur des données scientifiques et des benchmarks.
- Restauration des habitats naturels : Priorisez la restauration des habitats les plus dégradés ou cruciaux pour la biodiversité et les services écosystémiques, tels que les zones humides.
- Réintroduction d’espèces endémiques : Dans certains cas, la réintroduction d’espèces endémiques disparues de l’écosystème peut être nécessaire pour rétablir les équilibres écologiques, comme les prédateurs des chaînes trophiques.
- Lutte contre les espèces invasives : Identifiez et contrôlez les espèces invasives menaçant les écosystèmes locaux.
- Gestion et suivi à long terme : Mettez en place un programme de suivi pour évaluer les progrès de la restauration par rapport aux objectifs établis, permettant des ajustements au fil du temps.
- Engagement des parties prenantes : Impliquez les communautés locales, les ONG, les entreprises et d’autres parties prenantes dans les efforts de restauration pour assurer leur soutien et leur participation.
- Partage des connaissances : Encouragez le partage des expériences, des succès et des échecs pour améliorer les pratiques de restauration.
Le nouveau règlement sur la restauration de la nature adopté par le Parlement européen, cherche non seulement à stopper la perte de biodiversité mais aussi à promouvoir la résilience des écosystèmes et leur capacité à fournir des services écosystémiques essentiels. Alors que les États membres commenceront à mettre en œuvre les mesures de restauration exigées, les entreprises devront s’adapter à un environnement réglementaire en évolution et saisir les opportunités offertes par la transition vers une économie plus respectueuse de la nature. En fin de compte, la restauration des écosystèmes présente non seulement des défis, mais aussi des opportunités d’opérer avec la nature pour la nature et est une source majeure d’innovation pour les entreprises européennes.
"La restauration de la nature représente non seulement un défi pour les entreprises, mais surtout une opportunité de redéfinir notre rapport à l'environnement et de construire un avenir plus durable pour tous."
Elsa Maurice, Nature Lead chez Quantis France
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