Au cours des dernières années, peu de sujets ont dominé les conversations autour des chaînes d’approvisionnement comme l’a fait le règlement de l’UE sur la déforestation (EUDR). À juste titre, il représente un changement radical dans la manière dont les entreprises, qui importent sur le marché de l’UE, s’approvisionnent en produits agricoles.
Aujourd’hui, l’EUDR risque d’être reporté. Les décideurs politiques débattent à nouveau du calendrier de mise en œuvre, sous la pression croissante et la résistance des marques. Cette incertitude a déjà des répercussions sur l’ensemble des chaînes d’approvisionnement. Certaines organisations ralentissent leurs investissements ou dépriorisent les initiatives de mise en conformité. Mais de nombreux fabricants de produits de grande consommation tirent la sonnette d’alarme, estimant qu’un report pourrait retarder les progrès.
Pour certaines entreprises, les bases sont déjà posées. Le moment est venu de l’utiliser pour construire des chaînes d’approvisionnement plus fortes et plus intelligentes qui transforment le travail de mise en conformité en un véritable avantage commercial.
Ce que cela signifie pour les entreprises
Pour se préparer à l’EUDR, les multinationales ont commencé à investir massivement dans des systèmes de traçabilité, un effort qui se poursuit à mesure que les entreprises s’efforcent de démontrer que des matières premières, telles que le soja, l’huile de palme, le bœuf, le café, le cacao, le bois et le caoutchouc, sont “exemptes de déforestation”.
L’EUDR a peut-être déclenché le plus grand effort de cartographie de données de l’histoire de l’agriculture, pour ces produits de base, à haut risque. Au sein des chaînes d’approvisionnement mondiales, les équipes chargées de la durabilité, des questions juridiques et des achats ont travaillé sans relâche : cartographie des exploitations grâce à l’imagerie géospatiale, validation des données des fournisseurs et navigation dans des orientations techniques en constante évolution.
Ces actions ont déjà permis de réaliser des progrès considérables, mais elles ont aussi involontairement réduit la vision des entreprises. Dans la course à la conformité, de nombreuses entreprises se sont concentrées sur la seule évaluation de la déforestation, négligeant la valeur plus large des systèmes et des ensembles de données qu’elles ont mis en place.
En réalité, l’EUDR a créé bien plus qu’un mécanisme de conformité. Elle a aidé les entreprises à se doter d’une infrastructure digitale capable de révéler le fonctionnement réel des chaînes d’approvisionnement, l’origine des matériaux, l’évolution des paysages et les risques et opportunités à venir.
Ceux qui reconnaissent ce potentiel utilisent déjà ce qu’ils ont construit pour aller au-delà de la conformité, afin d’assurer une plus grande transparence, une meilleure prise de décision et une collaboration plus étroite avec les fournisseurs.
Chez Quantis, nous constatons que ce changement se produit dans tout le secteur agroalimentaire. Les entreprises qui ont cartographié des millions d’hectares et de régions d’approvisionnement peuvent bénéficier d’une plus grande visibilité sur la productivité, l’efficacité, la durabilité et les risques. Le véritable potentiel de l’intelligence géospatiale réside dans l’utilisation de ces informations pour renforcer l’engagement, la prévisibilité et la résilience de la chaîne d’approvisionnement.
Exploiter la valeur de l’intelligence géospatiale
Les systèmes et les ensembles de données développés pour la mise en conformité avec l’EUDR ont un potentiel bien plus important que la vérification de l’origine des produits. En soi, les polygones au niveau des exploitations agricoles ne fournissent qu’une partie de l’image. Lorsqu’ils sont combinés à des couches de données supplémentaires, ces systèmes ouvrent de nouvelles voies pour comprendre la dynamique de l’approvisionnement, évaluer les risques et identifier les possibilités d’amélioration tout au long des chaînes d’approvisionnement.
Voici quatre façons dont les entreprises agroalimentaires peuvent tirer parti de l’intelligence géospatiale, pour améliorer leurs résultats commerciaux :
- Surveiller la santé des cultures et prévoir les rendements : L’imagerie satellitaire et la télédétection permettent de détecter rapidement le stress des cultures. Cela permet d’intervenir plus rapidement et d’établir des prévisions de rendement plus précises.
- Évaluation des risques météorologiques et climatiques : La superposition des coordonnées des exploitations agricoles et des modèles climatiques peut révéler quelles sont les régions d’approvisionnement les plus exposées à la chaleur, à la sécheresse ou aux inondations. Cela permet de quantifier l’exposition financière, d’anticiper les perturbations de l’approvisionnement et d’ajuster les stratégies d’approvisionnement.
- Suivi de la déforestation et du changement d’affectation des sols : Le cas d’utilisation initial de la conformité à l’EUDR reste crucial, mais il peut être intégré dans une approche plus large de gestion des risques qui prend également en compte la biodiversité et la disponibilité de l’eau.
- Segmentation des fournisseurs et ciblage des investissements : Au lieu de disperser les ressources, les données géospatiales peuvent orienter les investissements dans l’adaptation au changement climatique et l’agriculture régénératrice (là où ils sont le plus nécessaires). Les équipes peuvent donner la priorité à l’engagement des fournisseurs, adapter les incitations au niveau de l’exploitation et allouer les capitaux là où ils sont le plus rentables.
Comment les entreprises doivent-elles réagir maintenant ?
Certaines entreprises ont déjà commencé à préparer le terrain, en cartographiant les exploitations, en validant les données des fournisseurs et en mettant en place des systèmes de traçabilité. Mais peu d’entre elles ont encore exploité tout le potentiel des informations qu’elles ont recueillies.
Quantis aide les entreprises à combler ce fossé en :
- Réalisant des diagnostics rapides des données existantes (coordonnées des exploitations et limites des polygones, systèmes des fournisseurs, outils de surveillance).
- Intégrant la modélisation des scénarios pour les risques climatiques, les chocs d’approvisionnement et les projections de rendement.
- Développrant des communications internes et externes qui démontrent les possibilités d’approvisionnement durable à l’aide d’informations géospatiales.
- Formant les équipes interfonctionnelles (achats, risques, finances) à l’interprétation et à l’exploitation des informations géospatiales.
Perspectives d’avenir
Si le calendrier peut être remis en question, l’opportunité, elle, ne l’est pas. Les bases que les entreprises ont jetées pour l’EUDR – les données, les systèmes, la collaboration – ont déjà remodelé ce à quoi ressemble une action crédible. En renforçant et en étendant ces capacités aujourd’hui, les progrès en matière de conformité se traduiront par un impact mesurable et des performances commerciales durables.
La conformité à l’EUDR n’est qu’un début. Quantis aide les entreprises à transformer la traçabilité et les données géospatiales en informations exploitables qui renforcent les décisions d’approvisionnement, les relations avec les fournisseurs et les performances commerciales à long terme.


