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Pour que l’industrie cosmétique prospère, le respect de la nature est un élément crucial

cosmetics nature strategy
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À l’heure où les consommateurs privilégient de plus en plus les marques transparentes et soucieuses de développement durable, il incombe à l’industrie cosmétique d’opérer dans le respect de la nature - et non à son encontre.

En résumé :

  • Au cours des quatre dernières décennies, l’industrie cosmétique s’est progressivement tournée vers des produits naturels, voyant le succès de marques pionnières dans le domaine de la beauté naturelle. À mesure qu’augmente la demande de produits à base d’ingrédients naturels, les entreprises se sont mises à remplacer les ingrédients chimiques et d’origine animale par des molécules d’origine végétale. Les marques peuvent ainsi se positionner comme « naturelles » auprès des consommateurs. 
  • Le passage de l’industrie cosmétique vers des ingrédients d’origine naturelle exacerbe son exposition aux risques environnementaux et opérationnels. Pour un développement prospère, les entreprises de cosmétiques doivent désormais être véritablement actives dans la gestion de leurs impacts sur la nature et leurs dépendances à cette dernière. 
  • Dû à des conditions météorologiques extrêmes, une diminution des terres disponibles et des réglementations plus strictes, qui ont toutes un impact sur l’approvisionnement, les conditions du marché ont changé. En outre, les marques de produits de beauté risquent de nuire à leur image si leur chaîne de valeur affiche des impacts en contradiction avec leurs affirmations.  
  • L’avenir de l’industrie étant en jeu, les fabricants de cosmétiques ne peuvent nier l’importance du respect de la nature. Celui-ci doit devenir un pilier de la stratégie commerciale et avoir autant de poids que les autres priorités et indicateurs clés de performance.  
  • En intégrant le respect de la nature dans tous les pans de l’organisation et en établissant des cadres incitatifs, les entreprises de cosmétiques peuvent amorcer une transformation de leurs chaînes de valeur et de leurs modèles d’entreprise afin de paver le chemin d’un avenir plus serein. 

Malgré la crise persistante du coût de la vie et la lenteur de la reprise économique suite à la pandémie, le marché des cosmétiques connaît une croissance soutenue. Bien qu’il ne soit pas nécessairement à l’abri de la récession, le secteur trouve des moyens innovants d’approcher sa clientèle et de stimuler les ventes. Une tendance qui s’est avérée particulièrement bénéfique pour l’industrie cosmétique est la constante augmentation de la demande de produits perçus comme « plus propres » par les consommateurs, du fait qu’ils sont fabriqués à base d’ingrédients naturels. Toutefois, en augmentant la pression sur les écosystèmes, cette tendance peut également affecter la disponibilité des ressources et des services naturels au sein deschaînes d’approvisionnement du secteur. Une perspective terrifiante pour les cadres dirigeants. 

Pour développer ses produits, le secteur cosmétique dépend fortement d’ingrédients naturels, notamment d’huiles essentielles et d’extraits de plantes. En outre, comme de plus en plus de consommateurs recherchent des ingrédients naturels, la demande de matières premières d’origine biologique est par conséquent en plein essor 

Certains ingrédients, comme les huiles essentielles, impliquent également des pratiques de culture plus industrialisées. Et rien qu’en Europe, les importations d’huiles végétales pour l’industrie cosmétique ont augmenté de 12 % par an en valeur entre 2018 et 2022. Les enjeux sont considérables, non seulement pour la planète, mais également pour les entreprises. L’accélération de la crise environnementale s’accompagne d’une baisse des rendements, d’une diminution de la disponibilité en eau, d’un déclin de la pollinisation et d’une myriade de risques qui pèsent sur la capacité du secteur à garantir l’approvisionnement. 

Aujourd’hui, la solution ne peut se résumer à passer à des sources synthétiques, lesquelles s’accompagnent de leur propre lot d’impacts et de difficultés à surmonter. En bref : si les fabricants de cosmétiques veulent préserver leur activité, ils ne peuvent pas se permettre contourner le respect de la nature. 

La nature et les cosmétiques dépendent l’une de l’autre 

Les changements que causent dans les écosystèmes les crises climatiques et naturelles ont in impact négatif sur les conditions de croissance de nombreux ingrédients naturels. Par exemple, le déclin des forêts de mangroves, qui jouent un rôle crucial dans la protection des zones côtières et fournissent des services écosystémiques essentiels, nuit directement à la disponibilité de certains ingrédients communément utilisés dans les cosmétiques. Les phénomènes météorologiques extrêmes, les déplacements des zones climatiques ainsi que la fréquence accrue des sécheresses et des inondations peuvent affecter la productivité, perturber les chaînes d’approvisionnement et augmenter la volatilité des prix. Les mauvaises récoltes d’huile d’olive dans le sud de l’Europe, causées par des vagues de chaleur et des sécheresses extrêmes, ont entraîné une augmentation de 25 % du prix du squalane dérivé de l’huile d’olive, un ingrédient très demandé pour les soins de la peau.  Étant donné que l’avenir de l’industrie dépend de la prospérité des écosystèmes, une opportunité considérable s’offre aux entreprises si elles se montrent capables d’anticiper, de s’adapter, d’atténuer les pressions qu’elles exercent sur la nature et de rendre leurs modèles commerciaux plus durables. Si les entreprises et les gouvernements veulent une chance de combler le fossé qui les sépare de l’objectif « zéro émission », il est indispensable de prendre en compte simultanément le respect de la nature et les émissions de gaz à effet de serre. En effet, l’attention portée au climat et à le respect de la nature vont de pair. 

L’effort de transparence et de responsabilité environnementale dans l’industrie cosmétique  

Les marques de cosmétiques font l’objet d’une surveillance accrue en ce qui concerne leur pratiques tout au long de leur chaîne de valeur ainsi que le caractère responsable de leur approvisionnement. Les consommateurs veulent savoir ce qu’ils utilisent comme produits. Ils prêtent davantage attention à leurs ingrédients et aiment connaître leur origine. En outre, les épisodes de perte de la nature, tels que les pénuries d’eau, sont souvent plus perceptibles et ont des répercussions plus immédiates que les effets plus généraux du changement climatique. Cet intérêt accru, d’un côté de la part des consommateurs, de l’autre de celle des organisations de la société civile et des investisseurs, accentue l’urgence de prendre en compte l’impact environnemental des produits cosmétiques (que les ingrédients soient synthétiques ou naturels). Les marques dont les actions sont en contradiction avec leurs prétentions en matière de respect de la nature risquent de nuire à leur image. Une nouvelle réglementation visant à traiter les questions autour de la nature, guidée par le cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, a été adoptée par les parties des Nations unies dans un effort collectif en vue d’inverser la perte de biodiversité d’ici à 2030. Ces directives contribueront également à focaliser l’attention des entreprises. La directive sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD), qui impose à toutes les entreprises cotées en bourse ayant une activité dans l’Union européenne de divulguer des informations sociales et environnementales plus substantielles et fiables, s’étend au delà de la question climatique etinclut des exigences en matière d’évaluation de la biodiversité. Cependant, le travail nécessaire ne se limite pas à l’établissement de rapports. Qui plus est, les entreprises ne devraient pas détourner les ressources au détriment de réels efforts pour mettre en place des initiatives et réduire des impacts environnementaux. 

Dans un même temps. de nouveaux cadres sont en cours d’élaboration, dans le but d’aider les entreprises à tisser un lien entre science et décision commerciale, et pour les aider à comprendre l’importance de s’aligner sur les frontières planétaires. Les objectifs scientifiques pour la nature récemment lancés par le Science Based Targets Network (SBTN) permettront aux entreprises de se fixer des objectifs plus ambitieux et mesurables à la foisen termes de protection du climat ainsi que de respect de la nature. Le Groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives à la nature (TNFD) propose des conseils pour rendre compte des dépendances, des impacts, des risques auxquels la nature est exposée et des opportunités qu’elle offre, et aide à agir en considération. 

Jusqu’à présent, les progrès ont été lents dans tous les secteurs. La grande majorité des entreprises ne mesurent pas du tout leurs impacts sur la nature. Selon les dernières données de la World Benchmarking Alliance, sur plus de 800 grandes entreprises de 20 secteurs d’activité analysées, seules 5 % évaluent et divulguent l’impact de leurs activités sur la nature. Tandis que 29% des entreprises font état de réductions de leur consommation d’eau ou divulguent une utilisation d’eau provenant de zones soumises à un stress hydrique, seules 15 % d’entre elles communiquent des données sur les polluants rejetés, et 4 % seulement se sont fixé des objectifs pour les réduire.

Les marques de cosmétiques ne peuvent désormais plus s’abstenir de prendre le respect de la nature en considération

Pour l’industrie cosmétique de manière générale, le respect de la nature est devenu un sujet inévitable. Quelques leaders du secteur ont compris les enjeux et prennent la question au sérieux, mais il est grand temps que l’ensemble des entreprises place le respect de la nature au cœur de leurs stratégies de croissance. En fin de compte, il est nécessaire qu’elles comprennent, identifient, anticipent et atténuent les impacts et les risques pesant sur la nature, et s’adaptent en conséquence. Ceci nécessite des plans d’action ainsi que des feuilles de route concrets et stratégiques fondés sur des objectifs scientifiques ambitieux allant bien au-delà d’une simple divulgation d’informations. Un plein engagement en faveur d’un modèle d’activité entrepreneuriale durable, tant en interne que tout au long de la chaîne de valeur, notamment avec les partenaires, les fournisseurs et la clientèle, aidera les entreprises à s’engager sur la voie du changement. 

Identifier les dépendances et les vulnérabilités de votre entreprise et de vos produits. Il s’agit de passer systématiquement les chaînes d’approvisionnement en revue dans le but de comprendre où se situent les dépendances, notamment celle à l’égard d’ingrédients naturels spécifiques ou de processus à forte consommation d’eau. Il est essentiel de repérer et connaître ces dépendances pour y remédier par le biais de stratégies ciblées. Par exemple, l’amande est un ingrédient courant dans les formules de soins de la peau, 85 % de la production mondiale se situant en Californie. Toutefois, la demande d’amandes commence à dépasser l’offre, car les sociétés laitières lancent de plus en plus de laits végétaux. Faute d’un nombre suffisant d’abeilles pour polliniser les amandiers et en raison de la pression accrue sur les ressources en eau de la région, les entreprises seront confrontées à de sérieux problèmes d’approvisionnement.   

Il ne suffit pas d’établir des rapports: les entreprises doivent placer le respect de la nature au centre de leur stratégie commerciale globale et de leur plan d’action. Pour favoriser un retour à un développement serein, les entreprises doivent non seulement reconnaître leurs impacts sur la nature et leurs dépendances à son égard, mais aussi travailler activement à y remédier. Il leur faut des plans d’action complets donnant priorité à la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles dans la chaîne d’approvisionnement. Ces plans doivent être intégrés dans les objectifs commerciaux plus globaux de l’entreprise et il convient de veiller à ce que la protection et la restauration de la nature soient un aspect fondamental des processus de prise de décision à tous les niveaux de l’organisation. 

Élaborer des plans d’action pour atténuer les risques identifiés et réduire les dépendances, notamment en soutenant les changements de pratiques dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Lors d’une récente évaluation des dépendances à la nature chez une entreprise mondiale de cosmétiques, Quantis a identifié trois ingrédients d’origine végétale sans substitut naturel existant, qui sont vulnérables aux effets de l’environnement et représentent 20 % des ventes de l’entreprise. Une fois ces vulnérabilités identifiées, les entreprises doivent élaborer des plans d’action détaillés visant à atténuer les risques liés. L’une des priorités doit être de soutenir les changements de pratiques tout au long de la chaîne de valeur afin d’accroître la résilience de la chaîne d’approvisionnement au lieu de chercher à s’approvisionner autre part (ce qui pourrait conduire à simplement transférer les impacts dans une autre région). Cela pourrait se traduire par l’adoption d’une agriculture régénératrice, par exemple.

Pour mieux se prémunir contre les risques environnementaux, il convient de mettre en œuvre les stratégies d’atténuation des risques recommandées par des organisations environnementales telles que le PNUE. Il convient notamment de diversifier les régions d’approvisionnement afin d’éviter la surexploitation de zones spécifiques et d’investir dans des cultures adaptées aux changements climatiques. Ces stratégies permettent non seulement de protéger les entreprises des ruptures d’approvisionnement, mais aussi de favoriser des pratiques agricoles durables. 

Impliquer les parties prenantes internes dans tous les secteurs pour comprendre les actions prioritaires et les leviers. L’engagement au niveau interne est d’une importance déterminante pour favoriser l’adoption du développement durable à l’échelle de l’entreprise. En impliquant différents secteurs tels que les achats, les opérations, les finances et les sites locaux, les entreprises peuvent s’assurer que le développement durable devient une responsabilité partagée.  

Engager des conversations ouvertes pour établir la transparence entre les parties prenantes. L’établissement d’un dialogue transparent et ouvert avec toutes les parties prenantes, y compris la clientèle, les régulateurs et les partenaires commerciaux, est essentiel pour instaurer la confiance et la responsabilité. Cette transparence peut également favoriser les efforts de collaboration en faveur du développement durable. 

Aligner les portefeuilles de produits sur les conditions locales d’exploitation et de consommation et revoir le modèle d’entreprise. Face aux préoccupations environnementales croissantes, les entreprises de cosmétiques doivent revenir à leur objectif principal en proposant des produits non seulement innovants mais aussi durables. Cela signifie qu’elles doivent développer des portefeuilles de produits en harmonie avec les conditions d’exploitation locales et les limites de la planète. Mais le travail ne s’arrête pas là. Les fabricants de cosmétiques doivent avoir une vue d’ensemble de leurs modèles d’entreprise. Il leur faut se concentrer sur la recherche de moyens pour dissocier la croissance de l’utilisation des ressources et de l’évolution de la demande des consommateurs. 

À l’heure où les consommateurs privilégient de plus en plus les marques transparentes et soucieuses de développement durable, il incombe à l’industrie cosmétique d’opérer dans le respect de la nature – et non à son encontre. L’unique moyen qu’a l’industrie de placer la nature au cœur des stratégies commerciales est d’améliorer de façon concrète son adaptation sereine face à une crise climatique et naturelle et de garantir la durabilité à long terme. 

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Dernières ressources

Ne renonçons pas à un avenir durable ! Pensons plutôt à anticiper, prendre les devants et aller au-delà des attentes grâce à des actions et des alliances stratégiques.

Pour réussir une transformation réelle, le développement durable nécessite l’intégration de pratiques durables dans chaque département et ne peut pas se limiter à des initiatives isolées.

En résumé :

  • Pour parvenir à une transformation durable, les entreprises doivent intégrer le développement durable dans chaque département, en passant d’initiatives isolées à une action globale à l’échelle de l’organisation.
  • La collecte et l’analyse de données sont certes essentielles, mais les entreprises doivent accorder la priorité à la mise en œuvre des plans de développement durable plutôt qu’à l’élaboration constante d’analyses de rentabilité.
  • Les entreprises doivent s’impliquer dans la planification de scénarios afin d’anticiper les futures pressions environnementales et sociales, ce qui leur permettra de s’adapter et de prospérer quel que soit le contexte à l’avenir.
  • L’intégration du développement durable dans la stratégie globale de l’entreprise suppose non seulement de le prendre en compte dans les discussions d’entreprise mais aussi de réorienter les objectifs généraux de l’entreprise vers des résultats porteurs de changements durables.
  • Les entreprises doivent reconnaître que les risques financiers liés à l’inaction sont plus graves et comprendre la nécessité de changements systémiques et porteurs de transformation afin de relever les défis environnementaux actuels.

Société d’alimentation XYZ : Une étude de cas (fictive mais plausible) La société d’alimentation XYZ, entreprise à l’origine du produit phare CandyCakes, ne voyait que des progrès minimes dans ses efforts pour promouvoir le développement durable, alors même qu’elle avait constitué l’une des équipes les plus importantes et les plus spécialisées de l’industrie dans ce domaine. Lors d’une conférence téléphonique avec les actionnaires au cours du dernier trimestre, le PDG Humphry Garland a laissé entendre que l’obligation d’information mettait en évidence des problèmes dans les activités de l’entreprise et en a attribué la responsabilité à certains fournisseurs pour leur manque de coopération. Suite à des réactions négatives, Judy Gable, directrice des opérations, a retiré cette déclaration dans un communiqué de presse. Clint Davis, le directeur général du marketing, était très inquiet à juste titre, car XYZ avait déjà par le passé essuyé des critiques au regard de ses efforts en matière de développement durable, et il ne voulait pas voir l’entreprise accusée une nouvelle fois de ne pas prendre au sérieux les exigences de ses consommateurs. La direction a reconnu que la marque et son acceptabilité sociale étaient en jeu. Cependant, l’absence de progrès a rendu tout investissement supplémentaire improbable tant que des activités de diagnostic n’auraient pas été menées pour répondre à une question fondamentale : pourquoi ne nous transformons-nous pas ? Arrêtons-nous sur l’histoire de la société d’alimentation XYZ et fournissons un peu de contexte 

Malgré une prise de conscience toujours plus importante et des investissements croissants dans le domaine du développement durable, de nombreuses entreprises se trouvent encore dans l’incapacité d’opérer un réel renouvellement pour faire face à la crise environnementale mondiale. Alors que le monde est aux prises avec les effets tangibles de l’urgence climatique et de la disparition de la nature, les entreprises sont soumises à une pression croissante, non seulement pour s’engager en faveur du développement durable, mais aussi pour démontrer des progrès réels et mesurables. Les enjeux n’ont jamais été aussi importants et il convient d’agir maintenant pour éviter des conséquences irréversibles. Le Rapport de synthèse 2023 du premier bilan mondial de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui évalue la situation mondiale en matière de changement climatique, dépeint une réalité bien sinistre. Il a montré que les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne sont pas conformes aux stratégies d’atténuation qui avaient été modélisées afin atteindre l’objectif de 1,5 °C et il a chargé les entreprises et les institutions financières d’accélérer la transformation de leurs systèmes pour s’aligner sur l’Accord de Paris. La plupart des PDG ne seraient pas surpris par cette évaluation, ils ont déjà connaissance de la situation. Au cours des dix dernières années, les investissements des entreprises et l’intérêt des dirigeants pour le développement durable ont considérablement augmenté. Et même si la reconnaissance de la nécessité de progresser représente déjà une amélioration, cela ne suffit pas à faire avancer les choses. Entre-temps, le débit constant de mauvaises nouvelles concernant l’état de notre planète menace toujours plus de se transformer en déluge. Si le seuil de 1,5°C est privilégié par les entreprises et les médias, il ne représente que la partie émergée de l’iceberg dégoulinant. La nature est en difficulté. L’accès à une eau propre et abondante, la santé des sols, la qualité de l’air et la biodiversité de notre planète sont en péril. Ces facteurs font déjà des ravages au sein des communautés, des ressources naturelles et des entreprises elles-mêmes. Pourtant, aussi tangible que soit la crise environnementale, les entreprises ne sont tout simplement pas en train de se transformer à la vitesse et à l’échelle nécessaires pour atteindre leurs objectifs en matière de développement durable. Elles peinent à s’aventurer au delà d’ajustements progressifs à la situation actuelle. Mais ce n’est pas en continuant à faire la même chose que les dirigeants parviendront à relever les défis auxquels sont confrontées les entreprises et l’humanité dans son ensemble. Pour assurer la stabilité de la planète, il faut des solutions porteuses de réelles transformations, de l’innovation et une remise en cause en profondeur de la façon dont sont couramment menées les activités économiques. Bien sûr, il est plus facile de parler de transformation que de la concrétiser. Il s’agit d’une tâche complexe et monumentale : pour progresser, les entreprises ont besoin d’une connaissance précise des défis à relever et d’une stratégie pour les surmonter.

S’y retrouver jungle des données

Les entreprises continuent de consacrer du temps, de l’énergie et des ressources à la mise en place d’équipes chargées de contrôler, de mesurer et de gérer leur impact en matière de développement durable. Nombre d’entre elles ont établi des bases de référence, collecté des données, mesuré leur empreinte et fixé des objectifs appropriés de réduction des émissions de carbone. Près de 5511 entreprises (selon le dernier décompte) sont même allées au-delà de ces efforts en alignant leurs objectifs sur les meilleures données scientifiques disponibles. Évidemment, cet investissement est nécessaire car un problème ne peut être résolu s’il n’est pas d’abord identifié et compris. Les mesures revêtent une importance fondamentale et les solutions numériques sont extrêmement prometteuses pour aider à mener ces activités avec plus de précision et d’efficacité. Cependant, trop souvent, les équipes chargées du développement durable se retrouvent coincées dans un cycle d’analyse sans fin. Les équipes chargées du développement durable se contentent souvent de peaufiner éternellement le dossier de viabilité commerciale plutôt que d’autoriser des actions concrètes à court terme. Si un suivi, une évaluation et une mesure efficaces sont des éléments essentiels pour soutenir la prise de décision et l’établissement de priorités, l’accumulation sans fin de chiffres ne permet pas toujours d’obtenir de meilleures informations et ne constitue en aucun cas un indicateur des progrès réalisés en matière de développement durable. Après tout, même les meilleures données du monde ne conduiront pas à un changement réel si elles se sont pas utilisées pour passer à l’action.

L’analyse continue des données n’aboutira pas à un changement si les informations obtenues n’aboutissent pas à des actions concrètes.

Les entreprises ne doivent pas se contenter d’investir dans la collecte et l’analyse de données. Les ressources doivent être affectées non seulement à l’élaboration de plans, mais aussi à leur mise en œuvre. Si le coût initial est plus élevé aujourd’hui, les risques financiers dee l’inaction sont encore plus importants. Pour avoir une chance d’éviter les conséquences les plus graves de la crise climatique et de l’effondrement des écosystèmes, des industries entières, de l’alimentation à la logistique en passant par la mode et la construction, doivent se réinventer. Prenons l’exemple de la fabrication de systèmes de transmission. Nous savons depuis longtemps que les système de motorisation électriques représentent l’avenir de l’industrie mais leur adoption demeure lente. Il ne fait aucun doute que les fabricants conventionnels ont de gros obstacles à franchir. Ils doivent réoutiller leurs usines, former à nouveau leur main-d’œuvre et modifier leurs chaînes d’approvisionnement. Mais ils doivent également faire pression pour développer les infrastructures de recharge ou pour pouvoir s’approvisionner plus facilement en carburants alternatifs, le tout sur des réseaux plus propres. Ils doivent utiliser tout leur pouvoir d’innovation pour rendre ces moteurs électriques aussi bons (si ce n’est meilleurs) que les systèmes de transmission traditionnels afin d’éliminer toutes les raisons de ne pas les acheter. Et ils doivent entraîner leur clientèle dans cette transition.

Maîtriser la planification de scénarios pour envisager un avenir différent

Traditionnellement, les entreprises utilisent des données historiques pour résoudre des problèmes et justifier leur planification. Mais le contexte dans lequel elles élaborent leurs projets a profondément changé. Les pressions environnementales et sociales engendrées par l’augmentation de la température mondiale, des réglementations plus strictes et des marchés en mutation signifient que les conditions seront très différentes à l’avenir que par le passé. Toute erreur de planification et de prise de décision commise aujourd’hui, couplée aux conditions économiques, politiques, technologiques et de marché susmentionnées, risque d’avoir des conséquences dévastatrices pour une entreprise. Il suffit de regarder les constructeurs qui ont mis du temps à se lancer dans production de véhicules électriques pour comprendre qu’il est impératif pour les entreprises d’anticiper ce qui se profile à l’horizon et de se préparer à agir le plus tôt possible. Nous ne pouvons pas prévenir les catastrophes de demain sans les voir venir aujourd’hui. Les entreprises qui ont la vision d’un avenir différent jouissent aussi d’une meilleure capacité à prévoir et à influencer l’avenir, et à s’adapter si nécessaire. Pour acquérir cette capacité de prévision stratégique, les dirigeants d’entreprise ont besoin d’analyses plus prospectives, non seulement de leurs propres opérations, mais aussi en amont, afin de comprendre réellement les impacts et les risques environnementaux tout au long de leur chaîne de valeur. La planification de scénarios peut donner lieu à des révélations au sein de la direction et servir de catalyseur pour amorcer un véritable changement. Elle permet aux entreprises d’éliminer une partie de l’incertitude de l’avenir en explorant des scénarios futurs plausibles, pas nécessairement pour prédire ce qui se passera, mais pour déterminer comment l’entreprise peut réagir et gérer toutes sortes de réalités potentielles. Il existe de nombreux scénarios possibles quant à l’impact qu’aura la crise climatique sur notre planète au cours des prochaines décennies. Le scénario du pire comporte des risques physiques plus élevés. Les entreprises devront donc comprendre, par exemple, dans quelle mesure l’augmentation des tempêtes, des épisodes de sécheresse, des inondations et des vagues de chaleur risque de perturber les chaînes d’approvisionnement. De même, si une économie à faibles émissions de carbone venait à se matérialiser rapidement (avec des réglementations plus lourdes liées au carbone et des coûts accrus), les entreprises devront alors explorer leurs vulnérabilités et comprendre jusqu’à quel point elles peuvent s’adapter. La planification de scénarios peut aussi s’accompagner de tests. Ainsi, plutôt que d’élaborer leurs propres scénarios, les entreprises appliquent des scénarios élaborés par d’autres (tels que des organismes sectoriels) afin de tester les risques que ces scénarios représentent pour leur entreprise et de déterminer si elles sont capables de résister et persister dans le cadre de chaque hypothèse.

Sortir le développement durable de son isolement et œuvrer pour un but commun

Dans l’émission à succès Koh-Lanta, les candidats sont d’abord répartis en équipes et s’affrontent dans des épreuves. Au fur et à mesure que le jeu progresse, les équipes fusionnent jusqu’à n’en former plus qu’une seule, ce qui donne lieu à un jeu individuel où les alliances changent et où les candidats doivent s’adapter à de nouvelles dynamiques pour devancer la concurrence et remporter le prix ultime. Ce processus n’est pas sans rappeler la façon dont les entreprises abordent la question du développement durable. Le développement durable est généralement considéré comme une entité à part entière. Comme tout département, il a une sphère d’influence limitée ; il doit rivaliser pour obtenir des ressources, mener des analyses de rentabilité et convaincre les autres départements d’appliquer ses conseils et d’y donner suite. Un facteur clé dans les considérations moins évidentes de la culture d’entreprise est le fonctionnement habituel de celle-ci. La façon dont une entreprise est organisée détermine les pratiques subséquentes qui permettent aux professionnels de travailler et d’exercer leurs fonctions. Si vos tâches consistent à mettre en œuvre des changements et à promouvoir de bonnes pratiques dans l’ensemble des opérations, vous avez besoin non seulement d’un niveau d’autorité adéquat, mais aussi de proximité et d’accès à celles-ci. La plupart des équipes chargées du développement durable ne sont pas dotées de tels avantages. Elles ne peuvent pas non plus tirer parti des alternatives opérationnelles habituelles. Par exemple, les départements chargés du développement durable auraient bien du mal à mettre en place des contrôles internes pour garantir le développement durable de la manière dont le marketing est habilité à examiner toute communication de masse quittant l’entreprise ou dont la comptabilité a le pouvoir d’exiger des autorisations pour certains niveaux de dépenses. « Rendre durable » n’est pas une simple étape dans le flux des processus. La transformation durable d’une organisation ne nécessite pas seulement d’amorcer un changement à travers les fonctions. La conception et la mise en œuvre des actions pour y parvenir sont aussi complexes que l’entreprise et ses opérations elles-mêmes. Compte tenu du diagnostic et de la stratégie d’action nécessaires pour améliorer les opérations, il est peut-être temps d’envisager d’intégrer des spécialistes du développement durable dans les différentes fonctions et sous-fonctions de l’organisation. En leur octroyant cette proximité et cet accès, la transformation peut être activement enclenchée de l’intérieur, plutôt que passivement influencée de l’extérieur.

Calculer le coût de l’inaction et pas seulement celui de l’action

Comprendre (et évaluer) le coût de l’inaction par rapport au coût de l’action est un autre changement crucial qui permettra de réaliser la transformation, ou du moins de relancer l’action là où elle stagne. Trop souvent, les entreprises manquent de confiance pour entamer un changement parce qu’elles se concentrent encore sur le coût associé à l’action plutôt que sur le prix de l’inaction. Il est temps pour les entreprises de se poser les bonnes questions : quels sont les risques liés au fait de transformer nos gammes de produits qui risquent de ne plus être commercialisées ou de ne plus être conformes à la législation dans un avenir proche ? Comment le prix ou la disponibilité de nos matières premières vont-ils évoluer à l’avenir ? En répondant à ces questions, les entreprises peuvent explorer les changements fondamentaux nécessaires pour transformer leurs activités, en comparant les coûts d’investissement et le coût du maintien du statu quo. Toutefois, pour que cela fonctionne, la promotion du développement durable doit être intégrée à la stratégie commerciale plus large de l’entreprise, non seulement en l’intégrant aux discussions plus générales, mais en réorientant l’ensemble de la conversation en fonction des objectifs généraux de l’entreprise. Les entreprises élaborent souvent des analyses de rentabilité avant de procéder à des changements individuels. Par exemple, elles ont pu identifier une nouvelle source d’emballage pour un produit en particulier, ce qui a permis de réduire les émissions de carbone de 15 %, même si cela a entraîné une légère augmentation des coûts. Il s’agit peut-être là d’une petite victoire pour l’environnement, mais plutôt que de lutter pour des changements progressifs, les entreprises doivent commencer à réfléchir à des changements systémiques qui donnent lieu à des transformations réelles et qui les accélèrent. Si tous les progrès sont positifs, l’ampleur et l’urgence des défis auxquels nous sommes confrontés exigent une action plus vaste et plus audacieuse. En repensant nos systèmes, nos comportements et nos priorités pour créer un monde plus équitable, plus résilient et plus régénérateur, les entreprises doivent comprendre et accepter qu’elles ne pourront pas satisfaire tout le monde. La période de transition impliquera peut-être des sacrifices à court terme pour permettre un avenir pérenne. Mais ce n’est que par la transformation que nous pouvons espérer relever les défis du développement durable de manière globale et efficace.

Voyons maintenant les progrès réalisés par la société d’alimentation XYZ…   Même si la société d’alimentation XYZ a encore un long chemin à parcourir dans sa transformation, elle a pris des mesures importantes et peut enfin faire état de progrès réels. Dans les domaines où l’entreprisen’a pas atteintses objectifs, des explications substantielles et précises ont été apportées. Ces progrès ne se sont pas produits du jour au lendemain ; ils ont nécessité d’importants changements dans les processus de l’entreprise. D’abord, elle a numérisé et publié ses données en matière d’empreinte carbone en les mettant à la disposition de tous les départements afin qu’ils puissent mesurer leur impact sur le climat et la nature. Cela a permis de créer un tableau de bord en temps réel pour observer l’impact de chaque étape de son travail. Ensuite, l’entreprise a donné la priorité à quelques projets clés afin de concentrer les efforts et de démontrer des progrès mesurables. Celaa également permis de responsabiliser l’ensemble de l’organisation en associant le programme du développement durable à celui de l’entreprise. Avec quelques victoires à son actif, tout le personnel a commencé à travailler vers un but commun et à progresser rapidement. Aujourd’hui, la société d’alimentation XYZ ne dispose plus seulement d’une équipe ou d’une fonction autonome chargée du développement durable mais a réussi à intégrer le développement durable dans l’ensemble de l’organisation afin de garantir une transformation à l’échelle de l’entreprise. 

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Relever les défis planétaires : 4 façons de favoriser la résilience environnementale et économique

Les chefs d’entreprise peuvent certes comprendre l’importance d’une approche holistique du développement durable, mais lorsqu’il faut agir en conséquence, c’est une autre histoire. Voici quatre éléments fondamentaux qui relient le cadre des limites planétaires à la stratégie et aux performances de l’entreprise.

En bref :

  • Le cadre des limites planétaires fournit une feuille de route pour une approche holistique du développement durable, permettant aux entreprises de cibler et de prioriser les zones environnementales qui présentent le risque le plus élevé.
  • En encourageant une culture de gestion environnementale, les entreprises peuvent intégrer des objectifs de durabilité dans toutes leurs fonctions.
  • L’adoption d’un modèle d’économie circulaire, l’abandon de pratiques obsolètes et l’investissement dans des solutions de remplacement durables peuvent favoriser la durabilité environnementale et économique à long terme.
  • La collaboration avec les fournisseurs est essentielle pour transformer les chaînes d’approvisionnement, favoriser la transparence et garantir l’engagement en faveur des objectifs de durabilité.

La santé de notre planète requiert une attention urgente ; il est attendu des entreprises qu’elles soutiennent les efforts ambitieux déployés en ce sens. Mais cette attente s’accompagne d’opportunités : en effet, il existe également un argument économique clair pour que les entreprises s’engagent dans la voie du développement durable. En tant que moteurs de l’innovation et du progrès, les entreprises sont particulièrement bien placées pour orienter l’économie en fonction des limites de la Terre. Pourtant, la route à suivre pour opérer dans les limites de la planète peut sembler décourageante, surtout si l’on considère toutes les incertitudes et les complexités liées à la durabilité environnementale.

Le cadre actualisé des limites planétaires révèle que les actions de l’humanité ont entraîné la transgression de six des neuf limites. C’est un brutal rappel de la nécessité de modérer la surexploitation des ressources limitées de la Terre. Mais elle constitue également une lueur d’espoir en nous dotant d’une feuille de route claire pour une action collective et corrective. En donnant la priorité à la durabilité vue de façon holistique, les entreprises peuvent s’adapter à l’évolution de notre environnement et renforcer la résilience de l’ensemble de leur chaîne de valeur, garantissant ainsi leur viabilité à long terme.

Voici quatre mesures essentielles que les entreprises devraient prendre pour opérer dans les limites de la planète :

1) Comprendre vos dépendances et vos impacts sur la nature (ainsi que les risques et les opportunités associés) tout au long de votre chaîne de valeur.

Le concept de durabilité repose sur une compréhension approfondie des dépendances et des impacts sur la nature qui s’intègrent aux activités de votre entreprise. De l’approvisionnement en matières premières aux processus de fabrication, en passant par la distribution et l’utilisation des produits, les entreprises dépendent des services écosystémiques à chaque étape de la chaîne de valeur. Les entreprises commettent souvent l’erreur de concentrer leurs efforts en matière de développement durable uniquement sur leurs opérations les plus importantes en termes de volume, au lieu de prendre en compte les étapes de la chaîne de valeur susceptibles d’avoir un impact environnemental important.

Les entreprises doivent se demander si leur stratégie actuelle de développement durable prend en compte tous les sujets liés à la nature, en se concentrant sur les domaines qui rendent l’entreprise la plus vulnérable aux menaces environnementales. Commencez par réaliser une solide évaluation de l’impact environnemental et de la dépendance afin d’identifier les risques et les opportunités liés à vos activités. Ceci implique de voir au-delà des émissions de carbone, en s’intéressant aux complexités de la consommation d’eau et d’énergie, à la perte de biodiversité, ainsi qu’à l’utilisation et à la dégradation des sols. En comprenant ces dépendances, vous serez en mesure d’atténuer les risques tout en découvrant des pistes d’innovation et d’efficacité. Par exemple, une entreprise de cosmétiques peut se concentrer sur l’impact de ses emballages ou des ingrédients qu’elle utilise en grande quantité, avant de se rendre compte que certains ingrédients utilisés en moindre quantité représentent une grande partie de la charge environnementale et constituent une dépendance importante, ce qui fait peser sur l’entreprise un risque financier. Bien que l’entreprise puisse certainement progresser avec sa stratégie initiale, elle s’exposerait à des risques considérables en ne s’attaquant pas à son principal point névralgique environnemental.

De grandes dépendances et d’importants impacts peuvent être associés à des risques physiques ou de transition élevés, ce qui se traduit par une augmentation potentielle des coûts d’exploitation ou par une perte de parts de marché. Le plus difficile n’est souvent pas seulement d’identifier les points névralgiques de la chaîne de valeur, mais de jongler avec les différents indicateurs et de les articuler en un plan d’action cohérent – sans perdre trop d’énergie sur des indicateurs qui ne sont pas cruciaux pour les activités spécifiques de l’entreprise.

2) Inciter les autres fonctions de l’entreprise à adopter la gestion environnementale.

Les équipes chargées du développement durable fonctionnent souvent comme des fonctions satellites, avec des stratégies et des plans d’action qui ne sont pas totalement intégrés dans l’ensemble de l’entreprise. Laisser à une seule équipe le soin de gérer la transformation durable d’une entreprise est irréaliste et accablant, surtout lorsque cette équipe est isolée du reste de l’entreprise. Les équipes chargées du développement durable ne connaissent pas les réalités opérationnelles de chaque département, ce qui rend encore plus difficile la fixation d’objectifs pertinents.

Pour réussir la transformation durable de l’entreprise, les informations et les données relatives au développement durable doivent être intégrées dans l’ensemble de l’entreprise, et pas seulement au sein des équipes chargées du développement durable. Les encadrements de niveau C, V et même D des fonctions clés, telles que la R&D, l’approvisionnement et le marketing, doivent être en mesure d’utiliser les informations fournies par l’équipe chargée du développement durable pour mettre en œuvre des changements dans leurs propres services.

Pour que le changement prenne véritablement racine, des mécanismes et des incitations spécifiques doivent être adoptés pour s’assurer que les chefs de service agissent sur la base de ces informations en plus de leurs priorités habituelles. Chaque département de l’entreprise, du développement de produits au marketing, serait alors chargé de fixer des objectifs de durabilité alignés sur les objectifs plus larges de l’entreprise. Cette collaboration pourrait prendre la forme suivante :

  • Marketing : lancement d’une campagne d’engagement des consommateurs axée sur l’éducation des consommateurs et l’incitation à des comportements durables ;
  • Opérations : anticiper les risques opérationnels liés à l’environnement et recueillir des avis sur les certifications potentielles ;
  • Finance : collaboration avec l’équipe chargée du développement durable afin d’anticiper l’environnement réglementaire, d’évaluer les impacts financiers potentiels des risques opérationnels et de répondre aux attentes des investisseurs en matière de développement durable ;
  • Approvisionnement : gestion des risques physiques et transitoires associés au portefeuille de matières premières ou de produits d’une entreprise afin d’assurer la continuité de l’approvisionnement.

Ce type de changement organisationnel nécessite une vision claire de la durabilité où les objectifs sont intégrés dans le processus de prise de décision à tous les niveaux. En créant des objectifs pertinents pour chaque département, les personnes extérieures à l’équipe chargée du développement durable peuvent comprendre comment elles contribuent à la stratégie globale, ce qui permet d’instaurer une solide culture du développement durable. Ce changement culturel peut aider les entreprises à réaliser de réels progrès dans leurs efforts en matière de développement durable et à générer une plus grande valeur commerciale.

3) Désapprendre les philosophies économiques conventionnelles qui ne sont pas adaptées à notre monde en pleine mutation.

En raison de la surconsommation et de la dégradation de la nature et des services écosystémiques, de nombreuses entreprises ont eu recours à l’utilisation d’un nombre plus grand encore de ressources naturelles, telles que l’eau, qui dégradent plus encore les terres d’où elles proviennent, juste pour obtenir la même quantité de rendement, ce qui engendre une dégradation et  une diminution progressive de la qualité. Il en résulte en fin de compte un produit de qualité inférieure à un prix élevé. Les entreprises seraient contraintes de consacrer plus de temps, d’argent et de ressources au maintien de la qualité des produits, ce qui n’est tout simplement pas viable à long terme, tant sur le plan environnemental qu’économique.

Les entreprises doivent se débarrasser des pratiques de type extraction-fabrication-déchet qui ne leur permettent pas de prospérer dans une économie planétaire. L’adoption d’approches plus circulaires et régénératives nécessite un changement de mentalité fondamental. Un modèle d’économie circulaire implique de minimiser les déchets en conservant les ressources le plus longtemps possible, en extrayant leur valeur maximale, puis en récupérant et en régénérant de manière responsable les produits et les matériaux à la fin de leur vie.

Investir dans la recherche et le développement axés sur des alternatives durables aux pratiques actuelles est un moyen de s’affranchir des modèles d’entreprise conventionnels. Les entreprises peuvent commencer par réévaluer leurs processus d’approvisionnement et renforcer leurs relations avec les fournisseurs qui adhèrent aux principes de l’économie circulaire. Il s’agit notamment de s’approvisionner en matériaux facilement recyclables et de promouvoir les systèmes en boucle fermée. Explorer des matériaux d’emballage alternatifs, adopter des processus de production innovants ou réimaginer les cycles de vie des produits. En outre, l’adoption des avancées technologiques et la numérisation des opérations commerciales peuvent optimiser l’utilisation des ressources et améliorer l’efficacité globale.

4) Collaborer avec les fournisseurs pour transformer les chaînes d’approvisionnement.

Une transformation durable ne peut être réalisée de manière isolée. Entre les actionnaires, les consommateurs et les fournisseurs, il y a plusieurs parties prenantes sur lesquelles les entreprises s’appuient pour progresser dans la réalisation de leurs objectifs de développement durable, d’autant plus que pour de nombreuses chaînes de valeur, les impacts sur la nature se situent en dehors des activités commerciales directes.

Les fournisseurs sont des parties prenantes à part entière et la collaboration avec eux est essentielle pour transformer les chaînes d’approvisionnement. Une fois qu’une entreprise a dressé la liste de ses fournisseurs, un audit approfondi de ces derniers et l’identification de leurs propres initiatives en matière de développement durable peuvent mettre en évidence des possibilités d’amélioration et favoriser l’engagement collectif. Engagez un dialogue ouvert avec vos fournisseurs, en les encourageant à adopter des méthodes d’approvisionnement, de travail et de fabrication durables. Cela nécessitera très probablement une forme de soutien financier, que ce soit en offrant des primes ou en finançant des programmes de formation des fournisseurs aux meilleures pratiques.


Le fait d’opérer dans les limites de la planète protège l’environnement et l’humanité, tout en apportant des avantages tangibles aux entreprises. Les entreprises qui accordent la priorité au développement durable peuvent se prémunir contre de futures perturbations environnementales, garantissant ainsi leur résilience et leur compétitivité à long terme sur le marché. Aujourd’hui, c’est aussi une question de bon sens pour l’entreprise : l’intégration du développement durable dans les activités de l’entreprise peut avoir un effet stimulant, atténuer les risques réglementaires et renforcer la confiance des parties prenantes parmi les fournisseurs, les investisseurs et les consommateurs.

Ces principes fournissent aux entreprises une feuille de route pour s’adapter et prospérer dans les limites des ressources de notre planète. En prenant les bonnes mesures pour remédier à leurs impacts, les entreprises peuvent atténuer les risques environnementaux et lancer leur transformation en matière de développement durable.

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Tout ce que les entreprises doivent savoir sur la nouvelle directive européenne CSRD

EU’s Corporate Sustainability Reporting Directive - CSRD
EU’s Corporate Sustainability Reporting Directive - CSRD

Toutes les entreprises cotées et les grandes entreprises privées actives dans l'UE devront mettre en œuvre la CSRD d'ici 2029.

Les rapports sur les impacts d’une entreprise en matière environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) sont essentiels pour mettre en valeur son engagement en faveur d’un avenir durable. Il s’agit d’un impératif stratégique dans le contexte commercial actuel.  

Pourtant, dans la plupart des marchés, les réglementations imposant une standardisation des mesures et des méthodologies sont peu nombreuses, générant ainsi des données incohérentes qui entravent la comparabilité entre les entreprises et les secteurs. Sans des normes de reporting claires, les entreprises sont libres de mettre en avant leurs points forts et de minimiser leurs faiblesses. Le résultat ? Des investisseurs peu informés et des accusations de greenwashing, sans aucun bénéfice pour les entreprises sur le long terme. 

L’Union européenne prend les devants pour remédier à ces lacunes en codifiant une norme pouvant être appliquée uniformément afin que les efforts de durabilité des entreprises puissent être comparés de manière équitable et que les entreprises basant leurs critères d’investissement sur les critères ESG puissent être dûment informées. Le 31 juillet 2023, la Commission européenne a adopté les normes européennes de reporting sur la durabilité (European Sustainability Reporting Standards ou ESRS) qui devront être appliquées par toutes les entreprises soumises à la directive CSRD.  

L’acte délégué publié adopte la version finale des ESRS et est complété par les Annexes I et II, qui définissent les normes d’information en matière de durabilité que les entreprises sont tenues d’utiliser conformément à la CSRD.  

Qu’est-ce que la CSRD ?

Dans le cadre du pacte vert pour l’Europe, la CSRD vise à améliorer la publication d’informations en matière de durabilité et la transparence en obligeant les entreprises à utiliser des normes communes. Cela contribue ainsi à faciliter l’évaluation des performances des entreprises en matière de durabilité par les investisseurs, les organisations de la société civile, les consommateurs et d’autres parties prenantes. La directive impose à toutes les grandes entreprises et entreprises cotées — à l’exception des micro-entreprises cotées — de publier des informations sur les risques et les opportunités pour leurs activités qui découlent des enjeux sociaux et environnementaux et sur l’impact de leurs activités sur les personnes et l’environnement.  

Les informations doivent être communiquées conformément aux ESRS, qui ont été adoptées par la Commission au moyen d’actes délégués définissant le contenu et, le cas échéant, la structure de présentation des informations. L’acte délégué des ESRS sera transmis au Parlement européen et au Conseil pour une période d’examen de deux mois, avec une application prévue en 2024, pour certaines entreprises. 

La CSRD remplace et s’appuie sur l’actuelle directive européenne NFRD (Non Financial Reporting Directive) afin de renforcer et de rationaliser les exigences en matière de rapports sur le développement durable. La NFRD manquait de détails cruciaux pour les investisseurs et les parties prenantes, ce qui rendait difficile la comparaison des rapports des entreprises et créait une incertitude quant à leur fiabilité et à leur capacité d’action. Pour que le marché de l’investissement vert soit crédible, les investisseurs ont besoin d’informations fiables sur les impacts environnementaux des entreprises (et leurs stratégies pour réduire ces impacts à l’avenir) afin d’orienter de manière appropriée les fonds vers des initiatives liées à la durabilité.  

Le champ d’application élargi de la NFRD par la CSRD vise à réduire le greenwashing des entreprises, et à mettre en œuvre une divulgation complète et harmonisée des sujets ESG. La CSRD place également les rapports en matière de développement durable au même niveau que l’information financière, en exigeant que les informations sur les risques de durabilité soient plus accessibles au public.  

Qu’impose la CSRD ? 

Le principal objectif de la CSRD est de fournir aux parties prenantes concernées, y compris les investisseurs, les consommateurs et les décideurs, des informations non financières comparables pour évaluer les risques des entreprises liés au changement climatique et aux autres questions ESG. Étant donné que les entreprises devront faire rapport dans un cadre commun, les parties prenantes auront accès à des informations plus claires, comparables et plus fiables.

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Les entreprises devront commencer par divulguer un aperçu de leur structure juridique et politique avant d’entreprendre leur voyage vers l’action durable. Cependant, certains sujets ESG sont plus pertinents pour certaines entreprises et certains secteurs en particulier. Pour déterminer les sujets ESG sur lesquels les entreprises devront faire rapport, les ESRS adoptent le principe de « double matérialité ». Les entreprises doivent également faire figurer dans leurs rapports des stratégies pour atténuer et s’adapter aux risques ESG, en fonction des résultats de leur évaluation à double matérialité.  

Les informations communiquées devront couvrir des perspectives à court, moyen et long terme, selon le cas. Les entreprises doivent intégrer ce rapport au sein d’un rapport de gestion, plutôt que de le publier sous forme de rapport annuel distinct, et sous une forme numérique normalisée, en vue de faciliter la comparaison avec d’autres entreprises.

Qu’est-ce que la double matérialité ?

La CSRD met l’accent sur la double matérialité comme étape clé de la conformité et exige des entreprises qu’elles effectuent une évaluation à double matérialité, qui tienne compte à la fois de l’impact matériel d’une entreprise sur la société et l’environnement et de l’impact matériel des questions ESG sur une entreprise.  

En fonction des résultats de l’évaluation de matérialité d’une entreprise, les rapports en vertu de la CSRD devront couvrir un éventail de sujets environnementaux au-delà du climat, comme la pollution, l’eau, la biodiversité et l’utilisation des ressources naturelles, ainsi que des sujets sociaux et de gouvernance. 

Termes clés

​Double matérialité → ​Approche qui inclut à la fois la façon dont les questions de durabilité créent des opportunités et des risques financiers pour une entreprise (matérialité financière) et les impacts de l’entreprise sur les personnes et l’environnement (matérialité de l’impact). 

​Matérialité financière → Une question de durabilité a une incidence ou pourrait raisonnablement avoir une incidence (positive ou négative) sur le modèle commercial, les flux de trésorerie, les revenus ou la valeur d’une entreprise. 

Matérialité de l’impact → Une activité commerciale a un impact réel ou potentiel (positif ou négatif) sur les personnes ou l’environnement à court, moyen ou long terme.  

Atténuation et adaptation

En plus de la double matérialité, les entreprises doivent divulguer leurs stratégies pour atténuer les risques liés à la durabilité et s’y adapter. Les entreprises devront présenter des informations concernant leur stratégie et leur modèle commerciaux, un calendrier des initiatives de durabilité, la gouvernance, les impacts, les risques et les indicateurs de performance clés. Ces informations permettront aux investisseurs et autres parties prenantes concernées de suivre les avancées des initiatives de développement durable des entreprises. 

Déclaration dans le cadre de la CSRD 

La CSRD exige que les informations en matière de durabilité soient soumises à une assurance. Les contrôleurs légaux des entreprises seront tenus de réaliser des activités d’assurance du reporting de la durabilité en partenariat avec un autre auditeur ou prestataire d’assurance indépendant. Les rapports des contrôleurs doivent être intégrés dans le rapport de l’entreprise et alignés sur d’autres initiatives normatives mondiales, telles que le règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (SFDR) et le règlement européen sur la taxinomie. 

On ne dispose pas encore d’informations sur la manière dont la Commission européenne imposera des sanctions aux entreprises qui ne se conforment pas à la directive CSRD. Cependant, nous nous attendons à ce qu’elles soient importantes. 

Il existe 12 normes de reporting couvrant l’ensemble des questions de durabilité, conformément à la proposition du Groupe consultatif sur l’information financière en Europe (EFRAG) : 

Groupe  Numéro  Objet 
Interdisciplinaire  ESRS 1  Exigences générales 
Interdisciplinaire  ESRS 2  Informations générales 
Environnement  ESRS E1  Climat 
Environnement  ESRS E2  Pollution 
Environnement  ESRS E3  Ressources aquatiques et marines 
Environnement  ESRS E4  Biodiversité et écosystèmes 
Environnement  ESRS E5  Utilisation des ressources et économie circulaire 
Social  ESRS S1  Collaborateurs 
Social  ESRS S2  Travailleurs dans la chaîne de valeur 
Social  ESRS S3  Communautés affectées 
Social  ESRS S4  Consommateurs et utilisateurs finaux 
Gouvernance  ESRS G1  Conduite responsable des entreprises 

L’ESRS 1 (« exigences générales ») établit les principes généraux à appliquer lors du reporting et ne fixe pas d’exigences de divulgation spécifiques. L’ESRS 2 (« informations générales ») spécifie les informations essentielles à divulguer, quelle que soit la question de durabilité envisagée. L’ESRS 2 est également obligatoire pour toutes les entreprises relevant de la CSRD. 

Toutes les autres normes et exigences individuelles en matière de divulgation — y compris les points de données qu’elles contiennent — font l’objet d’une évaluation de matérialité. Les entreprises devront uniquement rendre compte des informations pertinentes et pourront omettre celles qui ne sont pas jugées importantes pour leurs activités et modèle commerciaux. 

Quelles sont les entreprises concernées par la CSRD et quelle est la date d’application ? 

La CSRD s’appliquera aux entreprises publiques basées dans l’UE, ainsi qu’à toutes les organisations privées basées dans l’UE considérées comme « grandes ». Cela signifie qu’elles ont plus de 250 employés, plus de 50 millions d’euros de revenus annuels et/ou un bilan de plus de 25 millions d’euros.

Environ 50 000 entreprises cotées devront tôt ou tard se conformer à la CSRD, même s’il existe certaines exceptions à la mise en œuvre initiale. Toutes les entreprises cotées et qui exercent leurs activités dans l’UE devront mettre en œuvre la CSRD d’ici 2029. 

Les entreprises devront commencer à publier leurs rapports dans le cadre de l’ESRS selon le calendrier suivant :

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Exercice 2024 → Les entreprises précédemment soumises à la directive NFRD (grandes entreprises cotées, grandes banques et grandes entreprises d’assurance comptant plus de 500 salariés), ainsi que les grandes entreprises cotées hors UE comptant plus de 500 salariés, devront faire rapport sur l’exercice 2024, avec une première déclaration de durabilité en 2025. 

Exercice 2025 → Les autres grandes entreprises, y compris les autres grandes entreprises cotées hors UE, devront faire rapport sur l’exercice 2025, avec une première déclaration de durabilité en 2026. 

Exercice 2026 → Les PME cotées en bourse, y compris les PME non cotées au sein de l’UE, devront faire rapport sur l’exercice 2026, avec les premières déclarations de durabilité en 2027.  Toutefois, les PME cotées peuvent décider de ne pas se conformer aux obligations de déclaration pour une période supplémentaire de deux ans. La dernière date possible pour qu’une PME cotée en bourse commence à présenter son rapport est l’exercice 2028, avec une première déclaration de durabilité en 2029. 

Exercice 2028 → De plus, les entreprises non européennes générant plus de 150 millions d’euros par an dans l’UE et qui disposent au sein de l’UE d’au moins :   

(a) une succursale dont le chiffre d’affaires est supérieur à 40 millions d’euros 

(b) une filiale qui est une grande entreprise  

(c) une PME cotée 

devront faire rapport sur les impacts de durabilité au niveau du groupe de cette entreprise non européenne dès l’exercice 2028, avec une première déclaration de durabilité en 2029. D’autres normes seront spécifiquement adoptées pour ce cas. 

Au-delà de la CSRD 

Bien que la CSRD ait été adoptée par la Commission européenne, elle aura des implications mondiales. Toute entreprise cotée et qui opère dans l’UE, même si elle a son siège en dehors de l’UE, devra se conformer à la CSRD, ce qui laisse présager le début de la mondialisation du reporting sur la durabilité. 

De nombreux autres pays prévoient de créer des réglementations conformes à la CSRD ou correspondant à ses ambitions. Par exemple, le Royaume-Uni prévoit de créer des exigences de divulgation des informations liées au changement climatique (« UK Sustainability Disclosure Standards », UK SDS) pour les rapports d’entreprise sur les risques liés à la durabilité, jetant les bases d’une future législation en la matière. La Suisse a également annoncé son intention de discuter de son alignement avec la CSRD. L’objectif ultime est de disposer d’un cadre mondial normalisé pour l’établissement de rapports en matière de durabilité. 

Que peuvent faire les entreprises pour s’y préparer ? 

Chaque entreprise doit suivre cinq étapespour se préparer à la CSRD. 

Étape 1 : savoir si et quand se conformer. Avant de faire des plans, vous devez savoir si votre entreprise relève ou non de la compétence de la CSRD. Si tel est le cas, il est important de savoir où vous en êtes afin de déterminer avec précision votre calendrier d’actions. 

Étape 2 : aborder la gouvernance de votre entreprise en matière de durabilité ou les rôles et responsabilités concernant les rapports et la divulgation de la CSRD au sein de votre organisation. Qui est responsable ? Qui doit être impliqué tout au long de la chaîne de valeur ? Quels types de formation et d’engagement sont nécessaires ? 

Étape 3 : commencer à aborder la double matérialité et à impliquer vos parties prenantes pertinentes.  Une évaluation de l’importance relative peut saisir plusieurs perspectives sur les facteurs ESG et fournir des informations importantes pour définir un cap et déterminer où des investissements futurs peuvent être nécessaires. La double matérialité de la CSRD (impact financier et impacts environnementaux et sociaux) aboutit à un regroupement matriciel de sujets ESG, que les entreprises peuvent utiliser pour contrôler la conformité ou favoriser une transformation durable. 

Étape 4 : rechercher les lacunes dans vos systèmes de collecte et de gestion des données. Que rapportez-vous actuellement ? Que ne signalez-vous pas ? Comparez votre cadre de durabilité actuel (si vous en avez un) aux exigences de la CSRD et des ESRS. Étant donné que les ESRS sont un cadre qui repose sur d’autres cadres (GRI, TCFD, taxinomie de l’UE, etc.), effectuer une analyse des lacunes sera plus facile si votre entreprise établit déjà des rapports non financiers en vertu de ces cadres. 

Étape 5 : identifier les effets financiers potentiels, les risques de transition et les opportunités liées au climat. Par exemple, bien que la divulgation du changement climatique ne soit pas obligatoire, elle est fortement recommandée. Si une entreprise décide que la crise climatique n’est pas un sujet important et n’en rend pas compte, elle doit inclure une explication détaillée en indiquant les raisons, sur la base de son évaluation de la matérialité. Étant donné que la crise climatique a de vastes répercussions systémiques sur l’ensemble de l’économie, il pourra être nécessaire que les entreprises déclarent leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de portée 1, 2 et 3 et leurs objectifs de réduction.  Si vous n’en avez pas encore, vous devrez divulguer quand ces plans seront établis.  

Il est essentiel de ne pas sous-estimer le travail qui devra être fait pour se conformer aux ESRS et de commencer dès maintenant à mettre votre entreprise sur la voie de la réussite avec les investisseurs, les consommateurs et les cadres réglementaires pertinents. 

Vous avez besoin d’aide pour y voir plus clair avec la CSRD ou l’une des cinq normes environnementales ? Contactez notre équipe ! 

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L’agriculture du futur est régénératrice : pour des systèmes alimentaires et terrestres plus durables et équitables

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L’agriculture régénératrice adopte une approche intégrée qui permet de s’attaquer aux impacts et aux risques environnementaux, en tenant compte de nombreuses limites planétaires.

En bref

  • L’agriculture conventionnelle est paradoxale : elle est l’un des principaux responsables de la crise environnementale, mais dépend presque entièrement des ressources naturelles et services écosystémiques actuellement menacés.
  • On entend par « agriculture régénératrice », une approche holistique et intégrée de l’agriculture ayant permis d’influencer positivement des indicateurs sociaux, environnementaux et financiers sur le long terme.
  • L’agriculture régénératrice offre un terrain favorable à la décarbonation et à la résolution des impacts et risques environnementaux touchant plusieurs limites planétaires. Elle est vectrice de la résilience environnementale, dans un futur exposé à la raréfaction des ressources.
  • Les entreprises qui se tournent vers l’agriculture régénératrice doivent réaliser des évaluations axées sur le contexte afin d’établir une stratégie qui tient compte non seulement d’un large panel d’impacts environnementaux (émissions de GES, consommation d’eau, érosion de la biodiversité, etc.), mais qui se concentre également sur les éléments vitaux à chaque terre et région.
  • Pour réussir la mise en œuvre de l’agriculture régénératrice, les entreprises doivent impérativement placer les agriculteurs au cœur de leurs stratégies.

L’agriculture est l’un des principaux responsables de la crise environnementale : c’est l’un des acteurs majeurs du changement climatique, le premier consommateur d’eau, et la cause principale de la dégradation de l’écosystème mondial et de l’érosion de la biodiversité.

Ce secteur est surtout le plus vulnérable face à cette crise. 

Les effets du changement climatique se font déjà ressentir pour les entreprises qui dépendent de l’agriculture et de l’utilisation des terres. Les températures record, les violentes tempêtes, les incendies, les inondations et autres évènements climatiques extrêmes font baisser la productivité agricole et la disponibilité des terres, et accroissent la dangerosité du travail (déjà risqué) des personnels agricoles sur le terrain. 

Quoi qu’il en soit, le climat n’est pas la seule et unique menace environnementale qui pèse sur nos systèmes de production agricole. La santé des sols, l’utilisation et la pollution de l’eau sont autant de facteurs à ne pas négliger. 

Un grand nombre d’entreprises ont déjà défini des objectifs et stratégies en faveur du climat. Cependant, si elles veulent se mettre à l’abri des risques liés à l’environnement et protéger leurs activités et leur personnel contre les incertitudes à venir, elles doivent aller plus loin et prendre des mesures holistiques.

L’agriculture régénératrice est une approche holistique et intégrée de l’agriculture qui permet aux entreprises de s’attaquer à plusieurs types de risques environnementaux et sociaux, mais aussi de résoudre les défis inhérents à la chaîne d’approvisionnement, tout en minimisant les compromis.

Définir l’agriculture régénératrice

Le terme d’agriculture régénératrice a été initialement formulé dans les années 1980 par Robert Rodale. Il a permis de mettre un nom sur les traditions agricoles ancestrales qui sont le fruit de connaissances héritées et de l’expérience de peuples ancestraux, de communautés locales et de paysans du monde entier. 

Dans le secteur agroalimentaire, la définition exacte de ce terme ne fait cependant pas l’unanimité, et ce, car il ne s’agit pas d’un concept figé. Ce dernier continue en effet à évoluer à mesure que les anciennes techniques agricoles se confrontent aux innovations modernes. Les paysans et les entreprises disposent ainsi d’une multitude de possibilités leur permettant de s’adapter aux réalités économiques et techniques de leurs exploitations ou de leurs chaînes d’approvisionnement.

En principe, les définitions de l’agriculture régénératrice s’appuient sur des pratiques (p. ex., aucun/faible labour, couverture des sols, utilisation de compost), des principes (p. ex., limiter les perturbations du sol, maintenir une couverture du sol, favoriser l’enracinement, augmenter la diversité des cultures et intégrer le bétail) et des résultats (p. ex., santé du sol, qualité de l’air, biodiversité). Notons que pour les pionniers de ce domaine, l’agriculture régénératrice ne se limite pas seulement à une accumulation de pratiques ou de principes : elle est l’épicentre d’un état d’esprit innovant qui prône une approche holistique et durable de l’agriculture.

Si les principes d’agriculture régénératrice peuvent servir à orienter les stratégies mises au point avec les cultivateurs, les entreprises doivent opter pour une définition de ce concept qui met l’accent sur une approche holistique de l’agriculture ayant une influence positive sur plusieurs indicateurs sociaux et environnementaux. Le fait de tenir compte d’indicateurs variés au sein de notre écosystème permettra à l’agriculture régénératrice de contribuer fortement à la restauration de la santé planétaire et d’inverser les effets néfastes de l’agriculture extractiviste et conventionnelle.

Adopter une approche intégrée pour résoudre un problème complexe

La contribution de l’agriculture au dérèglement climatique est désormais largement reconnue (le GIEC estime que l’agriculture, la foresterie et les autres usages des terres sont à l’origine de 23 % de toutes les émissions anthropiques de GES). En outre, les entreprises agroalimentaires ont été forcées d’agir face à l’accumulation de preuves mettant en évidence les risques présentés par la crise climatique pour la productivité. Si la réduction des émissions est une mesure positive (et par ailleurs indispensable), les entreprises commettent une erreur lorsqu’elles essaient de s’attaquer au changement climatique : elles se concentrent uniquement sur les émissions de CO2. Par conséquent, d’autres impacts et risques importants liés à l’environnement sont délaissés.

Le climat est loin d’être le seul touché par les impacts générés par les systèmes alimentaires et terrestres. Le modèle productiviste de l’agriculture extractiviste et conventionnelle a joué un rôle prépondérant dans la transgression d’au moins quatre autres limites planétaires : changements d’affectation des sols, utilisation de l’eau douce (eau verte), perturbation des cycles biogéochimiques et intégrité de la biosphère.

L’agriculture est l’un des principaux facteurs du dépassement de plusieurs limites planétaires, car elle est :

Et cela n’augure rien de bon pour les entreprises du secteur agroalimentaire. Les systèmes de notre planète sont interdépendants : lorsqu’un maillon est touché, c’est toute la chaîne qui vacille. Par exemple, la dégradation des sols, l’érosion de la biodiversité et la perturbation du cycle de l’eau sont des phénomènes qui, s’ils contribuent au changement climatique, sont également aggravés par ce dernier.</ Les entreprises qui agissent uniquement sur les émissions de CO2 sont moins aptes à répondre efficacement à la question de la crise climatique, et s’exposent aussi à des risques physiques et de transition accrus. L’exploitation des systèmes alimentaires et terrestres génère déjà chaque année un coût environnemental, de santé et socioéconomique caché d’environ 12 milliards de dollars — un chiffre qui dépasse largement la valeur des résultats globaux du système.

Pour réduire les impacts, les risques liés à l’environnement et trouver leurs marques dans un monde en plein changement, les entreprises agroalimentaires doivent prendre le problème dans son ensemble. L’agriculture régénératrice adopte une approche intégrée qui permet de s’attaquer aux impacts et aux risques environnementaux en tenant compte de différentes limites planétaires, mais également de favoriser la résilience environnementale, dans un futur exposé à la raréfaction des ressources. Par exemple, il a été prouvé que l’application du principe de diversification « contribue à la biodiversité, à la pollinisation, à la lutte contre les nuisibles, au cycle des nutriments, à la fertilité des sols et à la régulation de l’eau, sans compromettre les rendements ».

L’adoption d’une approche à plusieurs thématiques est une démarche qui peut sembler onéreuse et chronophage. Cependant, la réalisation d’études anticipées pour définir les sujets prioritaires dans un système donné (p. ex., l’eau dans les régions enclines à la sécheresse ou le changement d’affectation des terres dans les zones fortement déforestées), ainsi que l’exploitation de données existantes pour en savoir plus, peuvent permettre d’établir une stratégie visant à prioriser certains indicateurs à court terme. En s’intéressant à d’autres problématiques que celle des émissions de CO2, les entreprises optimisent leurs dépenses pour la protection et la restauration des ressources naturelles les plus vitales sur l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement.

Placer les populations les plus exposées au cœur de votre stratégie

L’application descendante de l’agriculture régénératrice peut nuire à l’adoption de cette pratique et entraîner une mauvaise utilisation des ressources. Les agriculteurs et les communautés rurales doivent être l’épicentre de la stratégie de votre entreprise dans ce domaine.

Évidemment, les agriculteurs s’inquiètent des risques liés aux pertes à court terme et à l’augmentation de l’insécurité financière lors du passage d’une approche à l’autre (conventionnelle à régénératrice). Les entreprises disposent d’une excellente occasion de soutenir financièrement les agriculteurs afin de les aider à diminuer les risques ou de les partager. Elles doivent également tenir compte des connaissances précieuses sur les terres dont disposent les agriculteurs, car il n’est pas rare que ce savoir et ces biens soient un patrimoine hérité.  Des stratégies mises au point main dans la main au niveau de l’exploitation permettront d’établir des partenariats à long terme sur l’ensemble de la chaîne de valeur : les risques seront ainsi diminués ou répartis, ce qui aidera à transformer le système agricole de manière ascendante.  

Les entreprises devront regarder du côté des accords de partenariat innovants, qui remettent en question les accords à court terme et les chaînes d’approvisionnement opaques, dont le but est d’accompagner la transition, mais aussi de fournir aux agriculteurs le bagage nécessaire pour continuer à définir précisément les conditions favorables à leur exploitation et à la régénération des ressources naturelles. En plus d’un soutien financier, il est essentiel de proposer un soutien pédagogique et de présenter des cas pratiques pour que les agriculteurs se sentent prêts à opérer le changement vers l’agriculture régénératrice. Les entreprises ont la possibilité d’améliorer l’adoption de cette approche par les agriculteurs en facilitant le mentorat par des pairs et en s’appuyant sur des connaissances ancestrales, locales et scientifiques pour mettre au point des conseils et des formations. 

Elles doivent également aller plus loin afin d’identifier les communautés les plus fragiles et marginalisées au sein de leurs chaînes d’approvisionnement (p. ex., les communautés rurales vivant dans des climats difficiles, en dehors de la niche climatique humaine proposant une moyenne de température entre 11 et 15 °C, les petits exploitants, les ouvriers agricoles et les populations traditionnellement marginalisées sur des critères ethniques). Une étude récente s’est appuyée sur le concept de limites planétaires pour comprendre les limites sûres et justes pour notre système terrestre. Résultat : des limites encore plus strictes sont nécessaires pour éviter les dommages significatifs sur les humains (générations actuelles et futures confondues dans différents pays et communautés). 

La mise en œuvre de l’inclusivité et de la durabilité environnementale sur les chaînes d’approvisionnement prendra du temps, car cette transition implique des changements comportementaux et culturels. Elle est cependant indispensable à la réussite sur le long terme du secteur agroalimentaire et des communautés dont dépend ce dernier.

Financer la transition : analyse de rentabilité et impératifs logistiques

L’argent est évidemment nécessaire à la transition vers l’agriculture régénératrice. Les coûts initiaux requis pour convertir les fermes peuvent être un fardeau pour les agriculteurs, dont beaucoup sont déjà confrontés à des difficultés financières. Pour garantir l’adoption massive de cette pratique, les entreprises ont un rôle majeur à jouer dans le financement de la transition. L’analyse de rentabilité doit mettre l’accent sur ce point : selon une étude récente de BCG, les entreprises qui optent pour l’agriculture régénératrice pourraient « améliorer leur rentabilité entre 70 % et 120 % et bénéficier d’un retour sur investissement de l’ordre de 15 % à 25 % sur 10 ans »*.

En outre, une fois en place, l’agriculture régénératrice nécessite moins d’interventions coûteuses pour fonctionner sur la durée. Par exemple, ses effets positifs sur la biodiversité sont incontestables dans la lutte contre les nuisibles et en faveur de la pollinisation, améliorant ainsi les récoltes et faisant baisser les dépenses en pesticides. La couverture des sols et la rotation des cultures sont des pratiques capables de restaurer la santé du sol, ce qui nécessite moins d’amendement et de fertilisation. 

La couverture des sols peut également contribuer à optimiser l’utilisation de l’eau en réduisant la température de la terre, et donc, l’évaporation. De plus, des sols couverts et en meilleure santé retiennent mieux l’eau. Dans un contexte où le prix de l’eau ne cesse d’augmenter, les pratiques régénératrices peuvent aider à protéger les agriculteurs, et notamment dans les régions exposées au manque d’eau en raison de sécheresses et de l’assèchement des eaux souterraines

Les consommateurs sont aussi de plus en plus concernés par l’impact environnemental de leurs achats. De nombreuses études montrent que ceux-ci veulent acheter des produits plus durables et que les entreprises qui les fournissent (et qui peuvent démontrer précisément leurs bénéfices d’un point de vue environnemental) devraient profiter grandement de cette tendance. 

Faire correspondre activités et agriculture régénératrice

1. S’appuyer sur des bases solides pour établir et développer votre stratégie

Commencez par identifier les points sensibles en réalisant un inventaire des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que des évaluations des risques et de l’impact environnemental. Ces informations permettront aux entreprises de commencer à impliquer leurs partenaires sur la chaîne de valeur afin de recueillir des données spécifiques à l’approvisionnement, en priorisant les sites dont l’impact global est le plus élevé. Les analyses multicritères du cycle de vie (au niveau de l’exploitation) représentent une excellente occasion d’échanger avec les fournisseurs sur les difficultés et opportunités propres à leurs systèmes agricoles, leur climat et leur région. L’objectif est de réduire les impacts, mais également de comprendre les indicateurs qui leur servent à orienter leurs activités. Un suivi annuel des avancées permettra aux entreprises de continuer à faire évoluer leurs critères de référence. Pour ce faire, elles devront optimiser les indicateurs mesurés et suivis en s’appuyant sur les réalités propres à la terre ou à la région (les impacts au niveau de l’eau, par exemple).

2. Définir des objectifs pour améliorer la chaîne de valeur   

En plus d’améliorer leur compréhension basique des sources d’impact, les entreprises doivent aussi définir des objectifs pour réduire ces impacts. Ces objectifs doivent évoluer pour refléter la progression de leur empreinte. Les recommandations relatives aux forêts, aux sols et à l’agriculture de la Science Based Target initiative (SBTi) aident les entreprises, dont la chaîne de valeur repose principalement sur l’agriculture, à définir des objectifs climatiques. De même, le Science Based Targets Network (SBTN) fait office de norme pour mesurer les actions des entreprises en lien avec les limites planétaires (hors émissions de CO2). La promotion de ces objectifs sur l’ensemble de la chaîne de valeur permet à l’entreprise de mieux cerner les risques et les freins qui empêchent les partenaires de la chaîne d’approvisionnement d’atteindre ces objectifs et de définir les ressources requises pour diminuer ces risques. 

3. Transformer votre chaîne de valeur pour faciliter l’adoption de l’agriculture régénératrice 

Les entreprises qui font l’effort d’évaluer les impacts et de fixer des objectifs seront plus à même d’établir les canaux de communication nécessaires pour élaborer une stratégie avec leurs partenaires de la chaîne de valeur. La transition vers une agriculture durable ne repose pas uniquement sur la définition d’objectifs : les entreprises doivent investir dans des stratégies d’intervention axées sur le contexte dans les secteurs clés de l’approvisionnement. 

Les échanges, sur l’ensemble de la chaîne de valeur, avec les agriculteurs, les fournisseurs et les autres parties prenantes, qui sont des partenaires clés dans cette transformation, permettront une participation plus productive, en mesure de proposer des résultats positifs. Pour parvenir à ce niveau d’engagement sur la chaîne d’approvisionnement, les entreprises auront sans doute besoin de renforcer leurs opérations commerciales. On pense notamment aux investissements dans la recherche et dans la constitution de groupes de travail interdisciplinaires constitués d’experts (scientifiques, agriculteurs et membres de communautés concernées, par exemple) permettant de réévaluer les modèles commerciaux en tenant compte du coût de la transition. Les entreprises doivent également mettre au point des campagnes marketing crédibles pour créer une demande en produits plus durables.

 Une approche où tout le monde gagne : les personnes, la planète et les entreprises

L’agriculture régénératrice, lorsqu’elle est correctement mise en œuvre, peut bénéficier à tous les aspects de la triple performance (triple bottom line). Que vous l’envisagiez comme une pratique ou un état d’esprit, elle dispose d’un potentiel infini pour s’attaquer aux défis environnementaux multiples (relatifs à l’interaction de nos systèmes agricoles avec la nature), mais elle peut également améliorer la résilience de la chaîne d’approvisionnement, faire office de pratique durable et sociale efficace, réduire les coûts à long terme et proposer un avantage concurrentiel clé.

* Remarque : les résultats peuvent varier en fonction des sols et des régions. 

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5 étapes pour établir une culture du développement durable solide

organizational culture
culture organisationnelle

Une culture du développement durable solide est une condition sine qua non du changement.

Cet article est le second d’une série en deux volets explorant le rôle de la culture organisationnelle dans la réussite ou l’échec d’une entreprise à concrétiser ses ambitions en matière de durabilité. Lire le premier volet.

En bref :

  • En se dotant d’une solide culture du développement durable solide, les entreprises créent un environnement propice à la transformation durable de leurs activités et se donnent ainsi les moyens de concrétiser leurs engagements en matière de développement durabilité.
  • Nombreuses sont les organisations qui centrent leur attention sur la collecte et l’analyse de données et négligent la culture organisationnelle comme vecteur efficace de changement.
  • Faire évoluer la culture d’une entreprise n’est pas chose aisée. Les entreprises se montrent souvent réticentes au changement et lentes à s’y adapter, et l’on constate un manque d’orientations quant aux moyens de forger une culture du développement durable solide.
  • Pour placer la durabilité au centre de leur culture d’entreprise, les organisations doivent se pencher sur cinq éléments clés : la stratégie, la structure, les processus, les humains et les bénéfices.
  • Les directions d’entreprise devront se doter d’une nouvelle vision pour l’avenir, dresser un bilan honnête de leur situation actuelle, consolider leurs compétences en interne, surmonter les obstacles et récompenser et encourager les comportements adéquats.

L’intégration de la durabilité dans la culture organisationnelle est une condition sine qua non de la transformation, mais son potentiel comme catalyseur du changement est souvent négligé. 

Bien que les deux soient d’importance égale, la culture ne bénéficie pas du même rayonnement que les données, lesquelles sont étroitement liées aux notions d’innovation et de progrès. Des réalités tangibles. En tant qu’êtres humains, nous nous intéressons de façon innée à ce qui est factuel et concret. C’est probablement la raison pour laquelle un grand nombre d’entreprises consacrent un temps et des ressources considérables à combler les lacunes en matière de données, alors même qu’elles disposent de suffisamment d’informations pour définir avec précision leur stratégie d’avenir. La culture, quant à elle, relève de l’immatériel, avec les croyances, les comportements et les valeurs. 

Améliorer la culture d’une entreprise est particulièrement délicat. Les organisations se montrent souvent réticentes au changement et lentes à s’y adapter. Pour beaucoup, leur culture d’entreprise ne permet pas, fondamentalement, d’instaurer une solide culture de la durabilité. Ces difficultés sont aggravées par l’absence d’un cadre de référence ou d’orientations claires destinées à créer de solides cultures de la durabilité susceptibles d’accompagner (et de renforcer) les modèles commerciaux axés sur sur le développement durable. Après tout, la notion de culture du développement durable est encore relativement nouvelle.

Le modèle de la démarche d’innovation [Figure 1], conçu par le Dr. Jay Galbraith, l’un des experts de l’ingénierie organisationnelle les plus réputés au monde, aujourd’hui décédé, pourrait toutefois représenter une solution.

Le modèle de l’étoile de Galbraith
Figure 1

Le modèle de la démarche d’innovation : un cadre de référence pour l’ingénierie organisationnelle au service de la durabilité

Le modèle de la démarche d’innovation de Galbraith énonce les cinq éléments considérés comme essentiels à l’évolution de la culture d’une organisation : la stratégie, la structure, les processus, les humains et les bénéfices. De récentes études laissent penser que ce cadre de référence peut être utilisé pour soutenir les entreprises dans l’intégration de la durabilité au sein de leur culture organisationnelle, en particulier s’il est étendu aux facteurs externes (Les différents acteurs extérieurs à l’entreprise qui ont un effet sur la valeur économique, sociale et environnementale que celle-ci crée pour la société et la planète) [Figure 2].

Le cadre de référence pour l’instauration d’une culture de la durabilité
Figure 2

La stratégie : définir la marche à suivre et les modalités de mise en œuvre

Votre stratégie détermine votre modèle économique et votre cap, en précisant ce que vous voulez réaliser (finalités, et cibles) et comment vous voulez y parvenir (valeurs, orientation et mission). Naturellement, pour déterminer comment atteindre vos finalités, il vous faudra d’abord procéder à un bilan honnête de votre situation actuelle. 

La stratégie est au cœur du modèle de la démarche d’innovation, car il permet d’établir des critères utiles à la recherche de compromis et à la sélection de différentes solutions possibles parmi les autres éléments de l’ingénierie organisationnelle. Pour forger une culture du développement durable solide, celle-ci doit constituer un élément essentiel de votre stratégie, et non se cantonner au second plan.

La structure : caractériser le pouvoir et l’influence

Votre structure caractérise la place des décideurs dans la hiérarchie de votre organisation ainsi que les responsabilités des uns et des autres en ce qui concerne les activités et les finalités. 

Afin de s’assurer que les différents acteurs d’une organisation tiennent compte des questions de durabilité, il est important que l’ensemble de l’entreprise, et en particulier les membres de l’équipe dirigeante, s’investissent dans leur promotion. Les rôles et responsabilités de chaque service et de chaque poste doivent être clairement définis et parfaitement compris. Chaque membre de l’équipe doit pouvoir répondre à la question suivante : « Comment est-ce que je peux contribuer à nos finalités et à notre vision en matière de durabilité ? » 

Nouer des relations interprofessionnelles et constituer des réseaux de création de valeur est également indispensable à toute organisation axée sur la durabilité.

Les processus : les modalités de partage et de communication de l’information

Si la structure est l’anatomie d’une organisation, les processus en sont la physiologie. Ils renvoient au fonctionnement opérationnel, tel qu’au processus de collecte des données nécessaires à l’analyse de la durabilité, ou à l’affectation de fonds à des projets d’efficacité énergétique ou à des programmes d’engagement des fournisseurs. 

En l’absence de bons processus, il est difficile pour les collaborateurs d’accéder aux informations dont ils ont besoin pour prendre la bonne décision, telle que la mise en lumière des gaspillages ou la mise en place d’une utilisation circulaire des ressources. Un processus itératif qui définit les moyens d’améliorer en permanence les performances en matière de durabilité est essentiel à la transformation de l’entreprise.

Les bénéfices : encourager la répétition du comportement souhaité

Récompenser les employés pour leur comportement et leurs actions peut faciliter l’alignement des objectifs individuels sur ceux de l’entreprise. Les collaborateurs doivent apprendre à penser et à prendre des décisions différemment, en intégrant la durabilité dans leurs tâches quotidiennes. Au niveau de l’équipe dirigeante, le versement de primes liées à des indicateurs clés de performance en matière de durabilité peut avoir un effet positif.

Ailleurs, les collaborateurs doivent avoir le sentiment de contribuer d’une manière ou d’une autre à la cause dans son ensemble. Comme le souligne Tom Bateman, professeur de gestion à la McIntire School of Commerce de l’Université de Virginie, « [les humains] ont besoin de connaissances, d’informations, de compétences et de pouvoir pour faire les bons choix » [traduction libre].

Les humains : les bonnes personnes se comportent de la bonne manière

Ne sous-estimez jamais le pouvoir des ressources humaines dans la conduite du changement au sein d’une entreprise. Si vous disposez dans votre organisation de collaborateurs qui comprennent réellement votre raison d’être, vos valeurs et votre mission (et qui souhaitent y contribuer de manière significative), vous pouvez alors accroître vos performances en matière de durabilité. Il est possible d’atteindre cet objectif en procédant à un recrutement avisé ou en proposant aux salariés des dispositifs d’intégration, des formations, des ateliers et des activités d’engagement appropriés afin de s’assurer qu’ils disposent des compétences et des connaissances adéquates pour devenir des acteurs efficaces du changement.

En revanche, il ne s’agit pas seulement de disposer d’un personnel compétent en interne. Toutes les parties prenantes, des fournisseurs aux distributeurs en passant par les investisseurs et les ONG, doivent adhérer à votre stratégie.

5 étapes pour établir une culture du développement durable solide

Bien que la plupart des chefs d’entreprise reconnaissent l’importance de la durabilité pour l’avenir de leur entreprise, nombre d’entre eux peinent à l’intégrer dans leurs activités quotidiennes.

Le modèle de la démarche d’innovation permet certes de mettre en évidence les éléments clés d’un changement de culture organisationnelle, mais il ne fournit pas de guide pratique pour ancrer véritablement la transformation durable dans la stratégie, la structure ou les processus (entre autres) de votre entreprise.

Pour démocratiser le processus, nous décrivons les cinq étapes clés que nous entreprenons avec nos clients en vue de les aider à façonner des cultures capables de conduire à une transformation durable.

Étape 1 : se doter d’une nouvelle vision pour l’avenir.

Sans objectif en tête, il est impossible de bâtir une stratégie claire. C’est ici que la vision entre en jeu. 

Toutefois, la vision actuelle de votre entreprise ne suffira pas à produire les résultats escomptés. En effet, celle-ci a été conçue pour répondre à différentes aspirations. De nouvelles ambitions appellent une nouvelle vision. Il faut donc se remettre au travail.   

La première chose à faire est de définir et d’élaborer cette nouvelle vision. Il vous faudra réunir tous les collaborateurs pertinents autour de la table, et si vous ne savez pas qui ils sont, vous devrez le découvrir. Procédez à un « examen de conscience organisationnel » pour répondre à ces questions clés :

  • Qui sommes-nous en tant qu’organisation ? Quelle est notre raison d’être ?
  • Quels est notre état d’esprit et notre comportement ?
  • Comment les collaborateurs nous décriraient-ils en tant que groupe ?
  • Cela correspond-il à ce que nous souhaitons être ? À titre personnel, cela correspond-il à ce que je souhaite moi aussi ? 
  • Si l’on envisage l’entreprise au sein de laquelle nous travaillons, à quoi voulons-nous qu’elle ressemble dans 2, 5 ou même 10 ans ? 
  • Comment aimerions-nous être décrits à l’avenir ? En quoi cela est-il différent de ce que nous sommes aujourd’hui ?
  • Pourquoi devons-nous changer ? Que se passera-t-il si nous ne changeons pas ? 
  • Quels sont les fondements de cette vision ? 
  • Bénéficions-nous d’un soutien total de la part de la direction pour atteindre cette vision ?

Étape 2 : établir un niveau de référence culturel.

Déterminez comment la durabilité est actuellement « vécue » au sein de votre organisation. Procédez à une évaluation de la perception de la position de l’organisation en matière de durabilité auprès de vos collègues et des acteurs de votre secteur d’activité. Faites-vous une idée de l’importance que revêt la durabilité dans la réussite de l’organisation. Ceci est essentiel pour les collaborateurs qui n’exercent pas de fonctions liées au développement durable. Ont-ils le sentiment de contribuer aux finalités de l’organisation en matière de durabilité ? 

Surtout, soyez réaliste. Méfiez-vous de l’écart entre la description officielle de la culture et la réalité. Accordez également une attention particulière à la « culture de fond », par opposition à la « culture de surface ». Le diable se cache dans les détails de « la façon dont nous faisons les choses ici ». 

En vous faisant une idée de l’état d’esprit de votre organisation, vous serez mieux à même d’évaluer le potentiel d’adhésion, de participation et de mobilisation dont vous avez besoin pour réaliser votre vision. 

Étape 3 : mettre au point un plan d’action.

Après avoir défini votre vision et effectué le diagnostic nécessaire, il est temps de bâtir un parcours réaliste qui tienne compte de ces facteurs culturels. 

  • Qui doit participer le plus au programme ?
  • Quelles sont les actions à mettre en œuvre ?
  • Quand chaque activité aura-t-elle lieu ?
  • Comment y parviendrez-vous ? 
  • Pourquoi est-ce important ? 

Renforcez les compétences et aménagez des créneaux de travail pour réfléchir à la transformation durable et l’intégrer aux différents postes et aux différentes missions de la majorité, voire de l’ensemble de votre personnel.

Il est important de se montrer inclusif et de contribuer à créer des opportunités pour que chaque membre de l’organisation puisse jouer un rôle dans l’atteinte de ses buts. Lorsque tous les acteurs sont associés à une même initiative, celle-ci devient un point de ralliement qui suscite l’enthousiasme nécessaire à l’obtention de résultats positifs. 

La question du pourquoi est au cœur de cet enthousiasme. Évitez les clichés habituels et exposez franchement la réalité de votre organisation. Par exemple :

« L’année dernière, l’empreinte carbone de l’entreprise XYZ était de X. Nous devons la réduire à Y, non seulement pour le bien de la planète, mais aussi pour montrer de réels progrès à nos clients. Si nous atteignons cet objectif, cela renforcera la confiance des consommateurs et contribuera à l’essor de notre marque. »

Lorsque tous les acteurs sont associés à une même initiative, celle-ci devient un point de ralliement qui suscite l’enthousiasme nécessaire à l’obtention de résultats positifs.

Étape 4 : surmonter les obstacles et former des champions.

Évaluez la sensibilisation, les connaissances et les compétences de votre personnel afin de déterminer les lacunes susceptibles de constituer des obstacles à leur adhésion aux objectifs et aux finalités en matière de durabilité. Déterminez la capacité de votre organisation à concevoir et à mettre en œuvre des mesures de gouvernance pour atteindre vos finalités en matière de durabilité. 

Vos collaborateurs ne peuvent atteindre ce qu’ils ne comprennent pas. 

En outre, posez les questions difficiles : qu’est-ce qui, au sein de notre organisation, risque d’entraver notre action ? Les réponses peuvent porter sur un certain nombre de facteurs : ressources, temps, sensibilisation, connaissances, adhésion de l’équipe dirigeante, objectifs peu clairs ou buts obscurs. En cas de doute, interrogez-vous sur ce qui a fait échouer d’autres initiatives de l’organisation par le passé. 

Enfin, sachant que ce sont les collaborateurs qui provoquent le changement, déterminez qui sont les gardiens de l’organisation, c’est-à-dire les personnes clés dont vous aurez besoin pour vous aider à défendre et à promouvoir vos efforts à tous les niveaux. Le plaidoyer est un ingrédient puissant de la recette du succès. La direction, en particulier, a un rôle important à jouer. Lorsque les équipes dirigeantes considèrent la transformation durable comme une priorité et qu’elles font des choix pour concilier activité économique et environnement, elles adressent au reste de l’organisation un message fort quant à leurs valeurs.

Étape 5 : encourager le renforcement positif et les moments propices à l’apprentissage.

La conduite du changement au sein d’une organisation repose sur la participation des collaborateurs qui en assurent le fonctionnement, mais chacun d’entre eux assume également d’autres responsabilités au quotidien. Il est important d’être réaliste : sans incitation, rien ne garantit qu’ils feront un effort supplémentaire. 

Cependant, il n’est pas nécessaire que les incitations soient de nature pécuniaire, ni même qu’il s’agisse de récompenses tangibles. Un manque d’encouragement et de reconnaissance transmet implicitement le message que la réalisation de vos finalités en matière de durabilité n’est pas une priorité réelle au même titre que les autres activités de l’entreprise. Il est aisé de se concentrer sur les objectifs commerciaux « classiques » de l’entreprise, mais les bienfaits de votre programme de durabilité pour l’organisation doivent être ouvertement communiqués et discutés. En outre, les résultats qui contribuent à la réalisation de cet idéal ne doivent pas passer inaperçus ou être moins bien récompensés

Les comportements contraires aux objectifs poursuivis constituent un autre point important à prendre en considération. Par exemple, décider d’un déplacement en avion plutôt qu’en train pour un trajet de courte distance. Saisissez l’occasion d’un « moment propice à l’apprentissage » pour expliquer comment cette décision s’inscrit dans le contexte général. Vous démontrerez ainsi votre détermination. 

Pour résumer, si votre programme de transformation durable est perçu comme une activité accessoire, il est peu probable qu’il atteigne son plein potentiel.

Bien que ces éléments semblent relever du bon sens, il est préférable de faire preuve de discernement et de ne pas laisser les choses au hasard. Votre culture peut être un moteur puissant, mais le fait de savoir si vous nagez ou non à contre-courant dépend d’une réflexion stratégique. Les cultures ne changent pas du jour au lendemain, et il n’est pas simple de surcroît de les faire évoluer. Il y aura toujours des surprises, mais pour citer Shakespeare, « Par-dessus tout, soyez fidèle à vous-même » [traduction libre]. 

Si vous connaissez votre culture, vous saurez comment en tirer parti pour atteindre votre finalité. Et au bout du compte, il se pourrait qu’elle en sorte renforcée.

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Dégradation des sols + désertification : les entreprises seront les laissées pour compte de l’inaction liée aux risques naturels

désertification et dégradation des sols
désertification et dégradation des sols

Perturbations dans la chaîne d'approvisionnement, perte de capital, augmentation des dépenses opérationnelles : ce ne sont là que quelques-unes des conséquences auxquelles les entreprises doivent s’attendre si l’utilisation des sols continue dans sa forme actuelle.

En bref :

  • Alors que les entreprises ont besoin de terres productives, les activités humaines et le changement climatique entraînent des niveaux de sécheresse et de dégradation des sols sans précédent qui compromettent la capacité des terres à subvenir aux cultures, à la faune et à l’élevage, et donc à fournir les précieux écosystèmes dont dépendent les entreprises.

  • La dégradation des sols est un véritable désastre pour les entreprises, tous secteurs et étapes de la chaîne de valeur confondus, car elle met en péril leur valeur économique. Chaque année, le changement d’affectation des sols entraîne la perte de quelque 20 000 milliards de dollars de services écosystémiques et la dégradation des sols environ 11 000 milliards de dollars.

  • La dégradation des sols et la désertification créent des risques physiques, réglementaires, juridiques, mais aussi de réputation et de marché pour les entreprises, même pour celles dont la dépendance à l’égard des terres n’est pas « apparente ». Si les schémas actuels d’utilisation des sols se poursuivent, les entreprises peuvent s’attendre à des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, à des pertes économiques, à des dépenses opérationnelles en hausse voire à une dégradation de leur image de marque, entre autres conséquences.

  • La dégradation des sols et ses effets en cascade sur d’autres systèmes terrestres empêcheront également les entreprises de progresser dans la poursuite de leurs objectifs en matière de biodiversité, de climat et d’eau.

  • Pour réussir la transition dans l’utilisation des sols, les entreprises doivent 1) évaluer et comprendre leurs dépendances et leurs impacts, 2) définir des stratégies environnementales intégrées, 3) collaborer avec les acteurs de l’ensemble de la chaîne de valeur afin de promouvoir des pratiques durables en matière d’utilisation des sols et 4) encourager les efforts politiques et réglementaires engagés.

Souvent perçue comme un problème concernant principalement les régions arides, la désertification est une crise invisible dont les enjeux sont bien plus importants que ne le croient la plupart des entreprises et dont les conséquences, pour elles comme pour la stabilité de l’économie mondiale dans son ensemble, sont très graves.

Les entreprises ont besoin de terres productives

Pourtant, les activités humaines (autrement dit les pratiques non durables de gestion des sols) et le changement climatique entraînent des niveaux de désertification, de dégradation des sols et de sécheresse sans précédent qui compromettent la capacité des sols à subvenir aux cultures, à la faune et à l’élevage, et donc à fournir les précieux écosystèmes dont dépendent l’humanité et les entreprises

Lutter contre la dégradation des sols est donc essentiel pour assurer la continuité des activités ; or, la plupart des organisations ne s’y prennent pas comme il faut.

La dégradation des sols aggrave et renforce d’autres problèmes environnementaux,>, notamment la perte de biodiversité, la pénurie d’eau et le changement climatique. Trop nombreuses sont encore les entreprises qui ne reconnaissent pas l’interdépendance de ces problèmes et qui adoptent une approche cloisonnée pour les résoudre.

Problème transversal s’il en est, la dégradation des sols exige des entreprises qu’elles adoptent une approche intégrée des limites planétaires.

Nous analyserons ci-dessous ce que signifie la dégradation des sols et la désertification, quels phénomènes environnementaux les provoquent et les exacerbent, leur impact sur les entreprises et comment celles-ci peuvent agir pour préserver leur avenir.

Désertification + dégradation des sols : essai de définition

On entend par désertification un mode de dégradation des sols dans les régions marquées par la raréfaction de l’eau, laquelle entraîne une perte de productivité biologique des terres fertiles et, par conséquent, une perte de productivité économique. Ce type de dégradation englobe le déclin de la qualité des sols, des ressources en eau, de la végétation et d’un large éventail d’organismes vivants (y compris les micro-organismes responsables des services écosystémiques du sol).  

Bien que la dégradation des sols n’épargne aucune région du monde, les zones arides, qui représentent environ 40 % des terres émergées et abritent 38 % de la population mondiale, y sont particulièrement vulnérables en raison des précipitations et des fortes variations de température, de la faible productivité des écosystèmes et de la médiocre fertilité des sols.  

Définitions

Dégradation des sols : perte ou réduction de la productivité biologique ou économique des terres, telle que la perte de biodiversité ainsi que des fonctions et services des écosystèmes causés par des processus de nature anthropique

Désertification :dégradation des sols dans les zones arides sous l’effet des variations climatiques et des activités humaines

Les terres peuvent se dégrader de plusieurs manières ::

  • Disparition de la végétation
  • Salinisation
  • Acidification/diminution de la fertilité des sols
  • Disparition de certains éléments nutritifs (azote, phosphore et potassium, par exemple)
  • Compactage du sol
  • Érosion par l’eau et le vent

Un problème de plus en plus répandu

La dégradation des sols, la désertification et la sécheresse sont souvent associées à des régions comme l’Afrique subsaharienne. Or, ce sont là des problèmes qui affectent les quatre coins du globe, y compris l’ouest de l’Amérique du Nord, l’Australie, le Moyen-Orient, l’Asie centrale et l’Europe (Bulgarie, Croatie, Chypre, Grèce, Hongrie, Italie, Lettonie, Malte, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Espagne : tous ayant indiqué avoir été touchés par cette désertification). 

Au total, ce sont plus de 75 % des sols de la planète qui sont déjà dégradés, dont 25 à 35% sont des zones arides. Ce chiffre pourrait même atteindre les 90 % si aucune mesure rapide et ambitieuse n’était prise d’ici 2050.

Si les facteurs de dégradation des sols sont locaux et peuvent varier d’une région à une autre, la dégradation des sols et la désertification ont des implications mondiales. Alors que le changement climatique amplifie parfois certains effets localisés en provoquant de nouvelles dégradations par le biais de phénomènes extrêmes (variations dans les précipitations, sécheresses, incendies, etc.), la désertification et la dégradation des sols ont également un impact sur le changement climatique, en perturbant les services de régulation et d’approvisionnement des écosystèmes par leur effet sur l’humidité de la surface (et le cycle de l’eau dans son ensemble), la couverture végétale, les aérosols de sable et de poussière ainsi que les flux de gaz à effet de serre. En devenant plus secs, les sols sont moins à même de capturer le carbone présent dans l’atmosphère et peuvent même devenir une source d’émission nette de gaz à effet de serre, en libérant du CO2 et du protoxyde d’azote (NO2) dans l’atmosphère. Ces facteurs de dégradation ( déforestation, surpâturage, incendies de forêt, etc.) libèrent eux aussi du CO2 dans l’atmosphère
.

Les principaux facteurs

Les activités humaines (gestion non durable des terres et des ressources) et les variations climatiques sont les deux principales causes de désertification et de dégradation des sols.  

La gestion non durable des terres et des ressources

Les activités humaines provoquant une dégradation des sols sont dues à des pratiques non durables de leur utilisation et de gestion des ressources, lesquelles sont souvent déclenchées par plusieurs causes sous-jacentes telles que les pressions économiques, démographiques, technologiques, institutionnelles et culturelles.

Pratiques non durables d’utilisation des sols et de gestion des ressources à l’origine de leur dégradation

  • Déforestation
  • Conversion des terres et élimination de la couverture végétale
  • Surculture
  • Surpâturage
  • Utilisation excessive d’intrants chimiques (notamment d’engrais synthétiques)
  • Utilisation non durable des ressources en eau (surexploitation et contamination par exemple)
  • Mauvaises pratiques d’irrigation
  • Incendies d’origine anthropique
  • Urbanisation

L’un des principaux défis que rencontrent les entreprises réside dans le fait que bon nombre de ces pratiques ont lieu au tout début de la chaîne logistique. Bien souvent, les entreprises ayant affaire à de nombreuses sources d’approvisionnement et à de faibles niveaux de traçabilité n’ont même pas conscience de cette dégradation ni de l’endroit où elle se produit. Pour lutter contre la dégradation des sols (et ses conséquences sur l’eau, la biodiversité, le climat, etc.) et initier un éventuel changement,les entreprises doivent améliorer la traçabilité afin de comprendre ce qui se passe en amont et collaborer avec tous les acteurs de la chaîne logistique.   

Crise climatique

La crise climatique amplifie l’impact des facteurs directs de dégradation des sols (érosion des sols due à des phénomènes météorologiques extrêmes, risque accru d’incendies de forêt, changements dans la répartition des nuisibles, espèces envahissantes et autres agents pathogènes) et peut étendre à d’autres régions les zones arides menacées par la désertification. Ces changements peuvent en outre aggraver certaines problématiques sociales telles que la pauvreté ou l’immigration forcée, toutes deux responsables d’une dégradation accrue des sols.  

On constate également des boucles de rétroaction entre dégradation des sols et désertification, changement climatique et perte de biodiversité. Les modifications de la chimie des sols et de l’hydrologie induite par la crise climatique intensifient la perte de biodiversité — tant en surface que sous terre — laquelle entraîne à son tour d’autres changements dans la fertilité des sols et l’érosion favorisant la désertification.

Lien entre dégradation des sols, crise climatique et biodiversité

La lutte contre la dégradation des sols et la désertification est donc un impératif pour les entreprises.

La dégradation des sols est un véritable désastre pour les entreprises, tous secteurs et étapes de la chaîne de valeur confondus, car elle met en péril leur valeur économique. Entre 1997 et 2011, la réaffectation des terres a entraîné la perte de quelque 20 000 milliards de dollars de services écosystémiques et la dégradation des sols, environ 11 000 milliards de dollars, soit un montant trois fois supérieur à la valeur du marché mondial des produits agricoles.

Perturbations dans la chaîne logistique, perte de capital, augmentation des dépenses opérationnelles : ce ne sont là que quelques-unes des conséquences auxquelles les entreprises doivent s’attendre si l’utilisation des sols se poursuit dans sa forme actuelle.

La désertification et la dégradation des sols présentent trois types de risques pour les entreprises : 

Dépendance à l’égard de la nature

Pour la plupart des secteurs, la nature est essentielle à la continuité des activités. Toutes les entreprises dépendent d’une manière ou d’une autre de la nature, qu’il s’agisse de matières premières ou de services écosystémiques. Les modifications de la chimie, de la fertilité et de l’hydrologie des sols liées à leur dégradation peuvent affecter les rendements et la qualité des cultures, mais aussi menacer la disponibilité et la sécurité à long terme de certaines denrées. Les terres et les conditions locales peuvent alors devenir impropres à une quelconque forme de production. Bien entendu, ces dépendances varieront d’un secteur à l’autre, mais les entreprises dont les opérations ou les chaînes logistiques dépendent directement des ressources ou services écosystémiques des terres seront évidemment les plus durement touchées. Néanmoins, les conséquences risquent également d’être importantes pour les entreprises du secteur secondaire ou tertiaire dont les dépendances ne sont pas « apparentes ».

  • Impacts potentiels : fermeture d’activités, perturbation de la chaîne logistique, perte de capital, augmentation des coûts d’exploitation, augmentation des coûts de production, réduction ou perturbation de la capacité de production, augmentation des primes d’assurance ou réduction de la disponibilité de l’assurance pour les actifs situés dans des zones à haut risque, perturbation des ventes.

Impacts sur la nature

Désertification et dégradation des sols font peser sur les entreprises des risques croissants en termes de réglementation, de droit, de réputation et de marché. Entre la demande croissante en faveur de biens produits de manière durable, la pression des différentes parties prenantes et le déferlement de changements réglementaires tels que le règlement de l’UE sur la déforestation, la nécessité pour les entreprises de prendre des mesures visant à réduire leur impact environnemental se fait de plus en plus pressante.

  • Impacts potentiels : amendes et pénalités, litiges, atteinte à l’image de marque, augmentation des coûts de mise en conformité, diminution de la valeur actionnariale, réduction de la demande de produits et de services.

Impacts de la dégradation des sols et de la désertification sur la société

Les entreprises ne sont pas les seules à dépendre de la nature en ce qui concerne les ressources et les services écosystémiques : l’eau douce, l’air pur, la stabilité du climat et la santé des sols sont essentiels à l’ensemble de la société. Par conséquent, la dégradation des sols et son impact sur l’eau, la biodiversité, le climat, etc. sont susceptibles d’avoir un effet déstabilisant sur la société, avec des conséquences sur l’action sanitaire (pollution de l’air, sécurité alimentaire, la qualité de l’eau, etc.), les moyens de subsistance, les relations commerciales et les conflits géopolitiques.

  • Impacts potentiels : tensions sur la main-d’œuvre, conflits, inégalités entre les sexes, augmentation de la pauvreté, migrations forcées

Si les entreprises ne s’attaquent pas au problème de la dégradation des sols, elles échoueront sur tous les plans. Pourtant, l’actuel niveau d’action des entreprises en la matière est largement insuffisant. Elles sont encore trop nombreuses à ne pas voir en quoi leurs produits ou activités contribuent à la dégradation des sols, ni même le lien entre activité économique et crise climatique d’une part, dégradation des sols, perte de biodiversité et raréfaction de l’eau d’autre part.

Ce manque de prise de conscience les empêche de comprendre la valeur ajoutée que pourraient leur procurer une gestion durable des terres et l’intérêt d’investir dans ce domaine. Le coût de leur inaction est heureusement compensé par les efforts investis dans la réduction de leur impact et de leur dépendance. D’après la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, on estime que chaque dollar dépensé pour restaurer les terres dégradées rapporte entre 7 et 30 USD de bénéfices économiques.

Il est donc grand temps pour les entreprises de se pencher sur les opportunités à long terme offertes par une gestion des terres durable.

Solutions

  • Comprendre puis évaluer l’impact et la dépendance,non seulement vis-à-vis des sols mais aussi de l’eau, de la biodiversité et des services écosystémiques, afin d’identifier quels produits de base présentent les risques environnementaux les plus élevés (Les résultats pourraient être surprenants). De nombreuses entreprises ne comprennent toujours pas le lien qui existe entre eau et services écosystémiques ; elles connaissent l’utilisation qu’elles font des sols, mais ignorent quel est l’impact de ces activités sur le cycle de l’eau ou la biodiversité. Le Science Based Targets Network (SBTN) a publié de nouvelles orientations afin d’aider les entreprises à identifier leurs principales dépendances ainsi que l’impact de leurs activités sur la nature, puis à cartographier et à hiérarchiser les différents risques et opportunités.
  • Définir une stratégie environnementale intégrée ainsi que des objectifs scientifiques portant sur le climat (dont les émissions FLAG), la biodiversité, l’eau douce et l’utilisation des sols tout en évitant les compromis.  Ces défis étant interconnectés, ils ne sauraient être abordés en vase clos : ce qui affecte l’un est susceptible d’affecter l’autre. Ensemble, les entreprises peuvent prendre des décisions mues par l’efficacité et la nécessité (plutôt que par l’agréable) afin d’accélérer les avancées vers les objectifs qu’elles se sont fixés et d’atténuer les principaux risques.
  • Nouer des partenariats avec les différents acteurs de la chaîne de valeur afin de promouvoir des pratiques de gestion des terres plus durables à même d’éviter, de réduire voire d’inverser la dégradation des sols. Les entreprises doivent en outre éliminer les incitations responsables de leur dégradation et collaborer avec les collectivités autochtones et locales en vue d’initier des projets de transition dans l’utilisation des sols et de préserver les droits fonciers.
  • Plaider en faveur de l’action en appuyant les efforts politiques et les réglementations qui favorisent des pratiques commerciales plus durables et en exigeant des entreprises qu’elles intègrent l’environnement dans leur processus décisionnel.

L’utilisation non durable des terres menace l’avenir de notre planète, de nos populations et de notre économie. Les entreprises ont à la fois la responsabilité et tout intérêt à limiter la dégradation des sols et à opérer une transition réussie sur le plan de leur utilisation. 

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Les ressources actuelles

La culture organisationnelle : ce chaînon manquant qui peut faire ou défaire vos ambitions de durabilité

organizational culture
organizational culture

If sustainability is to become an intrinsic, permanent part of business, companies need to embed an openness for change into their organizational cultures and their business strategies.

In brief:

  • A strong sustainability culture is a prerequisite for bringing about sustainable business transformation and operating within planetary boundaries.
  • But if a company’s organizational culture is change-averse at its core, like so many are, its sustainability efforts are unlikely to be successful or do more than deliver minor improvements. 
  • Resilience in the face of the environmental crisis means accepting change. If sustainability is to become a cornerstone of business, companies must embed an openness to change into their organizational cultures and business strategies. 
  • When seeking to change organizational culture, leaders must first analyze and define the existing culture, and identify the key elements driving the failure of change initiatives.
  • The C-suite must demonstrate that sustainability is a priority on par with financial success, operational efficiency, health and safety, etc. by cascading objectives throughout the organizations, providing training and upskilling, embedding sustainability into the decision-making process, and ensuring everyone in the organization understands how they can contribute to the organization’s sustainability agenda.

This is the first in a two-part series exploring the role of organizational culture in determining a company’s success or failure in delivering on its sustainability ambitions.

As we stare down the barrel of an increasingly tight deadline to halve emissions by 2030, companies are picking up the pace to limit global warming to 1.5˚C. But many are quickly discovering that sustainability strategies and science-driven goals — even the most ambitious — aren’t enough on their own to bring about meaningful change.

Under-investment, siloed thinking, incrementalism, excessive caution and antiquated business practices and financial expectations — symptoms of change-averse cultures — are holding companies back. They’re symptoms of change-averse corporate cultures — and proof that when it comes to sustainable transformation, organizational culture matters — a lot. Company culture shapes behavior, informs processes and affects employee engagement.

If your organizational culture is at odds with what you’re trying to achieve, it’ll be impossible to deliver the level of change needed to future fit your business and operate within planetary boundaries.

A crash course on company culture

Culture is such a strong force that it can make even the savviest leaders feel powerless. Many ignore it altogether or accept it as something beyond their control and work around it. Its negative attributes are notoriously challenging to shift, and its positive attributes are frighteningly delicate. But what is it?

Organizational culture establishes and reinforces expectations about what’s valued in a company, and how things should be done. It describes the beliefs, values, expectations and behavioral norms that dictate what’s appreciated and how things should be done.

It was famously compared to an iceberg by Edward T. Hall in his book Beyond Culture, consisting of the seen and unseen. With a quick search, you’ll undoubtedly find hundreds of riffs on his concept. In essence, there’s what’s immediately observable (the surface culture), and there’s what’s experienced from within (the deep culture).

Surface culture (10%): Policies, documented procedures, dress code, brand expression, organizational structure, benefits, technology, office setup, etc.

Deep culture (90%): Work/life balance, response to change, new hire experience, risk aversion, experience of people of color and women, cultural biases, manner of speech (formal/informal as well as shared terminology), levels of autonomy, feedback, and a host of other “unwritten rules”

Unsurprisingly, the surface culture is the easiest to change. In most cases, you can just do it and move on. Changing deep culture is another story. It can be a long, arduous process. 

Consider a reorg where someone who’s a known expert on a particular process moves to an entirely different role. How long will this individual field questions in their former remit? Likely much longer than the allotted time of transition. Cultures have long memories and are change averse by nature; it’s only a question of degree.

It isn’t easy, but changing your culture for the better is possible — and it’s non-negotiable to deliver on sustainability ambitions.

What is a culture of sustainability, and what does it look like?

An organization’s sustainability culture is its peoples’ assumptions about the company’s goals, values, beliefs and expectations with regards to sustainability. Whether you realize it or not, your company already has one. How it manifests itself will depend on a variety of factors, from the attitudes of leadership to the presence (or lack thereof) of accountability mechanisms and how employees understand their roles in delivering driving transformation.

In a strong culture of sustainability, there is a collective belief that sustainability is an imperative and employees behave in ways that support it. 

  • The company has a clear sustainability vision that permeates throughout the organization, and inspires and guides action, as well as goals, strategies and values that bring that vision to fruition.
  • The existence of a clear vision, strategy and goals communicates to employees,  regardless of their role in the business, that sustainability is a priority on par with financial success, operational efficiency, health and safety, etc. — not an optional extra. That means it’s neither the first thing on the chopping block when times get tough nor is it the first thing to fall off the agenda to accommodate other objectives.
  • As a top priority, sustainability is easily embedded in the decision-making process at every level, influencing everything from business strategy to KPIs and performance goals across the organization. 
  • People across the organization are fully engaged and understand how they can contribute meaningfully to advancing the organization’s sustainability agenda.
  • Sustainability is a key component of onboarding and learning and development.

In a weak culture of sustainability, it’s seen as unimportant or nonessential

  • Senior managers might deny the existence of climate change.
  • There’s no sustainability vision or strategy in place. 
  • The sustainability team could be isolated, underfunded and generally misunderstood.
  • There may be a lack of responsibility and capacity across teams to address sustainability issues.
  • Employees don’t understand why sustainability matters to the business — and might not even know if there is a sustainability strategy in place.

Strong sustainability cultures create the conditions for transformation. Weak cultures of sustainability, on the other hand, keep businesses stuck in a state of status quo paralysis.

But what if the larger culture, in its most basic state, isn’t conducive to becoming a strong sustainability culture? If organizational cultures are slow to change, but the need for change is immediate, what then? 

It can be done, but will require deep introspection and comprehensive, disruptive action.

Transformation starts with transformative culture

“Culture eats strategy for breakfast,” the renowned management consultant Peter Drucker once declared. He had a point. When it comes to creating meaningful, lasting and necessary change, people are the determining factor of success.

Many organizations are resistant to change unless it seems unavoidable, which is why so many sustainability initiatives — even when they’re backed by an ambitious, science-backed strategy, the latest tools and a clear action plan — flounder or fail to deliver more than minor improvements. In business, reliability, process and routines are prized. Some level of change is accepted (to comply with new environmental regulations or avoid climate litigation, for example), but bold, transformational changes are highly controversial and often met with skepticism.

Approaching sustainability from a compliance-only perspective is less than ideal. The truth of the matter is that companies simply cannot do things the way they’ve always done in a changing — and increasingly unpredictable — environment; a static business approach simply won’t work in a dynamic system, in which change is the only certainty.

Resilience in the face of an unfolding environmental crisis means accepting change.

So, if sustainability is to become an intrinsic, permanent part of business, companies must first embed an openness to change into their organizational cultures and their business strategies. What’s more, they need to build up their internal capacity for change, for example through employee training.

If you set a priority, but don’t build an ecosystem across business functions to support that priority, it’s unlikely to succeed. For example, if you have a competitive culture where individual contribution is the key marker of success, don’t expect something that requires collaboration to succeed. Likewise, if financial objectives alone trigger rewards in performance management, non-financial objectives might not be taken seriously or might be seen merely as “nice to haves.”

Soul searching as a prerequisite for change management

Having an ideal is all well and good, but when seeking to change a culture, the existing culture must first be analyzed and defined honestly. Maybe your organization has cultural attributes that create a good head start. Or maybe your organization needs to break some long-held habits or beliefs? 

One issue that consistently trips leaders up is that the perception of their culture, and their actual culture, are often at odds

In some cases, leaders are putting too much faith in their own PR. More often though, leaders are too far removed to even have an inkling of how the sausage really gets made. These drivers manifest themselves in companies of all sizes. 

Leaders need to take particular care to keep sight of the fact that their perception and beliefs are fallible. It’s not easy. Though deploying a consultant to perform a cultural audit can get around this, it can also be gained by careful deliberation of an internal initiative that was previously tried and ultimately failed. The drivers of failure will often point to the reality of the culture. 

Take return to office policies. The pandemic drove remote work out of pure necessity, yet many companies are struggling to get their employees to reconvene or have given up altogether. Others are trying for hybrid models. Though the CEO may have fond memories of the strong in-office culture, the employees who were around prior to COVID-19 might see it differently.  Perhaps they remember constant interruptions, or an open office designed for collaboration filled mostly with people working in silence or the exact opposite, people on the phone with colleagues in other offices. 

These are all emblematic of the real company culture. So where did the CEO get things wrong? Was it wishful thinking? Was it a misinterpretation of the last time they walked the floors? Or was it really things like after-work events or other gatherings? It could be any of these things. The important point is that it simply isn’t so. 

Good leaders know the higher they climb, the harder day-to-day realities of their organizations are to come by and they plan accordingly.

It starts at the top but can’t be top-down

As a leader, when push comes to shove, is driving this outcome essential? If your answer is qualified in any way, some soul-searching as to why you lack conviction is in order. 

Recognize that you are only human and fear can be a powerful barrier to committing to change. Remember that if it’s not truly important to you, it’s not going to be important to anyone else in your organization. 

This is particularly true in areas of environmental sustainability. The root barrier to achieving more sustainable business practices is that companies are built to make money and that’s literally the bottom line. Executive compensation, if not performance reward programs enterprise-wide, is structured accordingly. 

Even if your executive compensation isn’t influenced by non-financial objectives, you have to approach it as if failure is not an option (frankly, it really isn’t) and broadcast that belief widely. 

There can be no doubt at any level of the organization that it truly matters to the CEO, or the rest of the C-suite for that matter. Passion can not only be intoxicating, it can be contagious. This has been central to building the cultures of most successful tech startups for the past 50 years.  

Whether that’s the hardest part is a matter of debate, but there’s far more to cultural change than the leader’s intent. Everyone in the organization needs to be in on the action. 

The most logical place to start is to cascade the objectives. From there it’s critical that there’s a collective understanding of the objective and why it matters. Create a model where employees of all levels and functions can contribute. 

When sustainability pervades all corners of the organization, people will know you mean business. 

Democratize the change

Just like any other initiative from DEI to professional standards, developing and mandating proper training on environmental sustainability topics is critical. People cannot be expected to exhibit new behaviors if they don’t understand the context or desired outcomes. 

Employees need to understand what sustainability is and how it might manifest in their particular role. With the training, each employee can contribute by identifying what’s in their power, and the factors that might stand in the way. 

Consider the fact that your organization is hard-wired to maintain the status quo at all costs. Once people find what works in their function, they are loath to revisit those practices without outside disruption. Also remember that people have very fixed notions of what it means to be successful in their roles. A procurement manager who has spent the entirety of their tenure in the organization looking for ways to save money is going to find sustainable sourcing challenging. Middle management needs to be empowered for maneuverability. 

Likewise, management needs to be realistic. If the procurement budget doesn’t flex to allow for some higher costs from sustainable sourcing, it’s just an idea that can’t be executed to its fullest. Hear such challenges not as obstinance, but as business challenges to solve. 

All levels of the organization need a mechanism for their concerns to be heard and addressed. Though the behavior might be cultural, the conditioning behind the behavior is systemic. All factors: financial, knowledge, reassurance, systems, policies, procedures all need to come together to support change. 

Lastly, employees need to feel good about driving that change. That means understanding the baseline both at an enterprise and where possible, a functional level. After that, they need to be fed a steady diet of reporting and public recognition of what went well. 

Just as culture isn’t composed of any one thing, the steps to shifting it to one that embraces change (rather than being where it goes to die) are equally multifaceted.

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Avez-vous besoin d’un Directeur du Développement Durable ? Se poser la question est déjà une réponse en soi.

CSO qui présente sa stratégie environnementale à son entreprise
CSO qui présente sa stratégie environnementale à son entreprise

Un Directeur du Développement Durable (DD) permet de faire concorder le modèle commercial de l’entreprise avec sa stratégie de transformation durable. C’est lui aussi qui ancre cette stratégie dans la culture de l’entreprise et sa mission globale. Ainsi, il fait avancer l’innovation et implique aussi les partenaires et les fournisseurs.

En bref :

  • De plus en plus d’entreprises recrutent en ce moment un Directeur DD pour diriger leur démarche environnementale.
  • Créer un poste de direction dans le domaine du développement durable devient de plus en plus important lorsque l’on souhaite répondre aux exigences complexes d’une « double matérialité » : les entreprises doivent gérer leurs impacts ESG tout en étant confrontées aux répercussions environnementales et sociétales sur leur organisation.
  • Un Directeur DD identifie les opportunités et gère les risques, contribuant ainsi au succès global de l’entreprise.

En 2004, Linda Fisher est devenue la toute première Directrice DD chez DuPont, du moins la première dans une entreprise américaine cotée en bourse. Depuis, engager des cadres supérieurs seniors pour répondre aux critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) est une pratique qui s’est beaucoup développée.

 

Aujourd’hui, la demande en responsables des ESG est « loin d’être satisfaite et représente un besoin constant ». D’après le Harvard Law School Forum on Corporate Governance, un peu plus d’un tiers des directeurs du développement durable désignés récemment sont les premiers à occuper cette fonction dans leur entreprise. Ils illustrent à merveille l’émergence de ce type de poste ainsi que l’accélération de cette pratique au cours des deux dernières années.

L’évolution de la stratégie de transformation durable en entreprise

A priori, 100 % des directeurs d’entreprise anticipent le recrutement d’un CSO dans les douze mois pour gagner en expertise en matière d’ESG.

Or, les investisseurs étant de plus en plus intéressés par les critères ESG, les entreprises doivent se pencher sur leur propre exploitation, mais également sur leur impact tout au long de la chaîne de valeur, y compris chez les fournisseurs et la clientèle. Les initiatives en développement durable étant de plus en plus nombreuses, le poste qui couvre les critères ESG gagne en responsabilités et convient davantage à un cadre dirigeant, et ce, à juste titre. 

Pendant des années, les ESG n’intéressaient que le service des relations avec les investisseurs. D’après les données de la Saïd Business School de l’Université d’Oxford, en 2018, seulement 18 % des entreprises interrogées citaient les ESG comme l’un des « trois risques les plus urgents » pour le commerce mondial. En 2021, ce nombre a grimpé à 46 %. Ce sondage indique qu’ « aujourd’hui, les engagements ESG contribuent à définir l’identité perçue de l’entreprise. Ils influent sur les interactions entre les différentes parties prenantes et les entreprises avec qui elles font des affaires. 

Cependant, sans une fiche de poste claire ou une standardisation de cette fonction, l’autorité du CSO et sa responsabilité varient grandement entre les entreprises. Cela peut se comprendre dans le sens où chaque entreprise n’en est pas au même stade en matière de développement durable et où les priorités varient selon le type d’activité. Certaines n’en sont qu’au début : elles fixent des objectifs et amorcent les changements clés dans leur équipement pour aller au-delà de la conformité, jusqu’à l’efficacité des ressources et de l’énergie. D’autres ont déjà défini des objectifs basés sur la science et sont en train d’innover pour atteindre le zéro net dans les années à venir.

Votre entreprise a-t-elle besoin d’un Directeur du Développement Durable ?

Pour répondre à cette question, vous devez savoir où votre entreprise se situe sur le plan ESG. Si vous venez tout juste de vous y mettre, alors il y a de grandes chances que vous visiez d’abord la conformité, c’est-à-dire le respect des lois actuelles sur les ESG. Dans ce cas précis, il vous faudra un bon manager, mais pas forcément un cadre dirigeant.

Toutefois, de moins en moins d’entreprises font partie de cette catégorie. Comme les initiatives ESG se complexifient et touchent de plus en plus de services dans l’entreprise, désigner un Directeur DD se révèle une excellente idée. Les entreprises sont de plus en plus contraintes, à la fois par les consommateurs et les législateurs, de créer des programmes de durabilité globaux afin de réduire leurs impacts environnementaux. Le tout en prenant en compte les ramifications sociales de leurs activités d’atténuation. Coordonner tous ces aspects pour préserver le « permis social d’exploitation » de votre entreprise requiert de la stratégie. 

Un Directeur DD vous aidera à transformer votre calendrier de programmes et d’initiatives ESG (établir des rapports, mesurer et communiquer aux parties prenantes restera important) tout en ancrant les pratiques environnementales au cœur du fonctionnement de l’entreprise. Ce qui distingue un Directeur du Développement Durable d’un manager ESG placé plus bas dans la hiérarchie, c’est le fait que le Directeur DD contribue activement au développement de votre entreprise. Il trouve des opportunités d’innovation et réduit les nombreux risques liés aux ESG ou autres.

Un Directeur DD permet de faire concorder le modèle commercial de l’entreprise avec sa stratégie de durabilité. C’est lui aussi qui ancre cette stratégie dans la culture de l’entreprise et sa mission globale. Ainsi, il fait avancer l’innovation et implique aussi les partenaires et les fournisseurs. Ainsi, il fait avancer l’innovation et implique aussi les partenaires et les fournisseurs. Cela requiert de la collaboration, de l’organisation et des connaissances en management. Par ailleurs, la personne à ce poste doit afficher des compétences en communication exceptionnelles afin dêtre ne mesure de persuader, d’encourager et d’influencer toutes sortes de parties prenantes internes et externes, lesquelles ont parfois des perspectives et objectifs différents, voire concurrents. Après tout, le chemin à parcourir avant que l’environnement ne soit pris en considération dans chaque fonction et processus et par chaque partie prenante est encore long.

Respecter l’environnement devient de plus en plus complexe

Il faut reconnaître que naviguer dans les eaux tumultueuses du développement durable devient de plus en plus complexe et lance bon nombre de défis. Un Directeur DD peut calmer la tempête, détecter des icebergs potentiels qui se rapprochent et trouver des chemins plus faciles et plus rapides pour arriver à destination. George Serafeim, professeur associé à la Harvard Business School, définit ainsi le rôle du CSO : « C’est un agent du changement…qui anticipe l’évolution du futur, des attentes sociales, des lois et de l’environnement des entreprises. Le Directeur DD est un ambassadeur qui incarne une vision : la personne qui décide ce qui doit changer dans les interactions de l’entreprise avec les communautés et le vaste contexte sociétal dans lequel elle évolue. »

La demande croissante en management de la transformation durabilité a deux origines : d’une part, l’évolution des priorités liées à la gestion de l’impact des entreprises sur l’environnement et la société et, d’autre part, l’impact environnemental et sociétal sur les entreprises – avec les risques et les opportunités qui en découlent. Ce concept de « double matérialité » vient d’une proposition formelle de la Commission européenne dans sa directive européenne sur le reporting extra-financier datant de 2019. Elle encourageait les entreprises à évaluer l’aspect matériel selon deux points de vue : l’impact environnemental et sociétal des activités de l’entreprise sur de nombreuses parties prenantes et, à l’inverse, ce qui pourrait avoir des répercussions sur la valeur de l’entreprise. Le but ultime étant de déceler les liens entre les deux.

D’ailleurs, c’est aussi ce que soutient la prochaine directive européenne sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (Corporate Sustainability Reporting Directive, CSRD). Elle demande à ce que les entreprises communiquent simultanément sur les questions de durabilité ayant des répercussions financières à la fois sur la valeur de l’entreprise ainsi que sur le marché, l’environnement et la société.

Quant à bon nombre des autres opportunités et risques commerciaux qui relèvent des fonctions d’un Directeur DD, elles correspondent aux exigences exposées par le Groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives au climat (Task Force on Climate-related Financial Disclosures). Par exemple, passer à une économie bas carbone présente des risques sur le plan des réglementations, des lois, du marché, de la réputation et de la technologie. Il faudra les comprendre, les évaluer et agir en conséquence tout en protégeant les intérêts commerciaux et la part de marché. 

La création d’une économie planétaire requiert des produits et des services innovants, de la diversification ainsi qu’une gestion efficace de l’énergie et des ressources. Cela implique de s’adapter de manière flexible aux marchés en perpétuelle évolution et de trouver des moyens de continuer à satisfaire la clientèle toujours plus exigeante sans dépasser les limites de la planète. Tous ces enjeux demandent l’attention d’un cadre dirigeant.

Pour aller plus loin : le CSTO

Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises leaders dans le monde ont un Directeur DD. La plupart publient un rapport de durabilité en utilisant des indicateurs conformes à différentes normes. Beaucoup d’entreprises ont désormais défini des objectifs de réduction de gaz à effet de serre basés sur des données scientifiques.

 Mais très peu ont entamé un processus de transformation commerciale en phase avec les limites de la planète. Voici des exemples de mesures d’intégration et de changement du comportement à grande échelle destinées à faire avancer les pratiques environnementales :

  •   intégrer les données liées à l’empreinte carbone aux produits et aux services pour aider à la prise de décision ;
  •   impliquer les consommateurs en étant le plus transparent possible afin d’encourager un changement de comportement positif ;
  •   fixer des objectifs pour les fournisseurs, et leur donner les outils et la formation nécessaires pour améliorer leur performance environnementale ;
  •   innover pour l’avenir en soutenant activement des start-up et en encourageant les investissements qui garantissent un rendement futur préservant l’environnement ;
  •   mettre en place de nouveaux modèles commerciaux circulaires (p. ex. la location, la revente et le recyclage) puis les appliquer à grande échelle.

En réalité, le Directeur DD – de l’anglais Chief Sustainability Officer (CSO) – devrait sans doute s’appeler Chief Sustainability Transformation Officer (CTSO), car, car sa mission principale est de transformer l’entreprise. Pour cela, il doit incarner trois rôles s’il veut contribuer au succès global futur de l’entreprise.

  1. Un visionnaire  : une personne identifie les possibilités et fixe des objectifs ambitieux
  2. Un responsable : une personne qui comprend, évalue et mesure les actions requises pour déclencher des changements positifs
  3. Un agent de terrain : une personne qui instaure concrètement la transformation

Globalement, il doit gérer efficacement les impacts ESG sur l’entreprise, mais également les impacts de l’entreprise sur l’environnement et la société, autant du côté des fournisseurs que des consommateurs. Imaginez un Directeur DD avec un Rubik’s Cube entre les mains. Un cube traditionnel en 2D représenterait les tâches d’un simple manager du développement durable qui établit des comptes-rendus et réduit les impacts environnementaux de l’entreprise au fil du temps ; en revanche, avec la version 3D, il s’agit de gérer bien plus de combinaisons pour réussir – c’est précisément le travail d’un Directeur DD.

Apprendre de ses erreurs

Vous vous souvenez de la première fois où vous avez essayé de résoudre un Rubik’s Cube (avant que des tutos YouTube ne vous montrent la solution) ? Vous avez testé, fait fausse route, puis vous avez appris de vos erreurs. Les entreprises doivent adopter la méthode « essai-erreur » afin de trouver les solutions les plus efficaces. Et c’est au CSO et à ses équipes d’identifier et de quantifier les réussites. Ensuite, ils intègrent les solutions aux modèles commerciaux qui amélioreront et transformeront les produits, les processus et les opérations.

Si nous voulons dépasser la conformité pour viser une transformation commerciale innovante, le Directeur DD doit servir d’intermédiaire entre la direction exécutive et les parties prenantes. C’est non seulement un communicant hors pair, mais également un leader qui doit collaborer étroitement avec le CEO. Après tout, le Directeur DD a une vision d’ensemble fiable et complète des risques systémiques les plus urgents et des opportunités pour toute entreprise.

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Enjeux COP27: Comment les entreprises peuvent-elles intégrer la biodiversité à leur stratégie?

Simone Pedrazzini, Directeur Général de Quantis Italie est sur le terrain à Sharm El Sheikh et a récemment été interviewé par BFM Business. Interview pendant laquelle il partage ses premières observations sur l’événement mondial: le climat est encore le grand sujet, la priorité sur l’agenda des entreprises mais d’autres sujets entrent en scène tels que l’eau, la biodiversité, la nature dans son ensemble pour venir compléter l’équation. Nouvelle plutôt positive car le défi environnemental ne peut pas être résumé exclusivement à la question du climat.

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COP27 enjeux
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Dimitri Caudrelier, CEO Quantis s’est rendu sur le plateau de BFM Business avec Michel Frédeau, directeur associé senior et responsable des sujets climat et environnement chez BCG en amont de l’ouverture de la COP27 pour partager son analyse des enjeux environnementaux pour les entreprises.

Si les responsables politiques cherchent encore un terrain d’entente pour entamer la transformation, nombre de dirigeants de grandes entreprises opèrent déjà des changements au sein de leurs sociétés en suivant une trajectoire plus durable. 

Mais les pivots effectués sont encore loin d’être suffisants, soulevant la question suivante : si les entreprises ont le pouvoir de mettre en œuvre la transformation plus rapidement que les gouvernements, qu’est-ce qui empêche donc les avancées nécessaires pour éviter les scénarios catastrophiques pour la planète ?

Comme l’indique Dimitri lors de l’interview, un des facteurs clé est l’humain. Ainsi, il faut que les comités d’entreprise arrivent à traduire ces objectifs de long terme qui passe par un renoncement de certaines habitudes du passé en arrivant à aussi embarquer les actionnaires sur ces thématiques.

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L’initiative Science Based Targets publie un nouveau guide pour le secteur des forêts, des terres et de l’agriculture

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Si votre entreprise a un impact important sur les forêts, les terres et l'agriculture, elle est tenue de fixer un objectif SBT.

Votre entreprise repose-t-elle largement sur les forêts, les terres et l’agriculture (FLAG, de l’anglais Forests, Land and Agriculture) ?  L’initiative Science Based Targets (iSBT) a publié un nouveau guide pour faciliter la mise en place d’objectifs fondés sur la science (SBT, de l’anglais Science-Based Targets) dans le secteur de l’agroalimentaire, de la mode et tous les secteurs qui requièrent une exploitation intensive des sols. Près d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) proviennent du secteur FLAG. Le guide FLAG de l’iSBT vise donc à proposer aux entreprises une méthode standard pour définir leurs objectifs et ainsi accélérer la décarbonation de l’économie mondiale.

En résumé ? Si votre entreprise a un impact important sur les forêts, les terres et l’agriculture, elle est tenue de fixer un objectif SBT pour ce secteur. Quantis a participé à l’élaboration du nouveau guide FLAG de l’iSBT ainsi qu’à la mise au point de sa méthodologie. Nous avons rassemblé toutes les informations utiles sur le nouveau cadre pour la définition d’objectifs climatiques et l’outil qui l’accompagne.

Les approches sectorielles, comme le guide FLAG de l’iSBT, permettent aux entreprises de définir des objectifs adaptés à leurs domaines d’impact et à leurs activités commerciales spécifiques. Elles peuvent ainsi déployer des stratégies climatiques sur mesure plus susceptibles de porter leurs fruits.

Les enjeux du nouveau guide FLAG de l’iSBT

  • Réduire de moitié les émissions de GES d’ici 2050: Les émissions liées aux FLAG comptent déjà pour près de 25 % du total mondial. Or, la production agricole est appelée à augmenter de 50 % pour répondre aux besoins de la population croissante. Pour respecter l’objectif de 1,5 °C, les émissions liées aux FLAG doivent être divisées par deux d’ici 2050 (World Resources Institute, 2019).
  • Montrer l’exemple pour s’en tenir à 1,5 °C: Si le secteur FLAG est à l’origine d’une part importante des émissions, il recèle également un certain nombre de possibilités pour les réduire et les éliminer. Le secteur des terres pourrait contribuer, de manière réaliste et durable, à environ 30 % de l’atténuation mondiale nécessaire pour respecter l’objectif de 1,5 °C d’ici 2050.
  • Répondre à un cruel manque de données: De nombreuses entreprises dont les activités exploitent les sols de manière intensive se sont déjà fixé des objectifs SBT. Toutefois, ces objectifs ne précisent pas les efforts spécifiques qui doivent être déployés par ce secteur pour s’aligner sur la limite de 1,5 °C. Ceci est dû en grande partie à un manque de normes, de directives et de méthodes : précisément ce à quoi le guide FLAG de l’iSBT cherche à remédier.
  • Intervenir là où ça compte: Les approches sectorielles, comme le guide FLAG de l’iSBT, permettent aux entreprises de définir des objectifs adaptés à leurs domaines d’impact et à leurs activités commerciales spécifiques. Elles peuvent ainsi déployer des stratégies climatiques sur mesure et plus susceptibles de porter leurs fruits.

Tout ce qu’il y a à savoir sur le guide FLAG de l’iSBT

  • Les objectifs SBT en matière de FLAG sont des objectifs fondés sur la science qui s’appliquent aux émissions d’une entreprise provenant de son exploitation forestière, terrestre et agricole. Cela comprend les émissions de CO2 résultant du changement d’affectation des sols (perte de la biomasse et du carbone des sols en raison de la déforestation et la dégradation des forêts, de la transformation des zones humides côtières et des feux de tourbières) et les émissions produites par la gestion des terres (protoxyde d’azote et méthane provenant de la fermentation entérique, de la combustion de biomasse, de la gestion des nutriments, de l’utilisation d’engrais et de la gestion du fumier, ainsi que les émissions de CO2 dues à la fabrication de machines et d’engrais).
  • Les objectifs SBT en matière de FLAG d’une entreprise couvrent à la fois la réduction et l’élimination des émissions. Il s’agit d’une différence essentielle par rapport aux objectifs SBT qui ne tiennent pas compte du secteur FLAG, car cela signifie que l’élimination des émissions peut, dans une certaine mesure, être utilisée comme un mécanisme de réduction en vue d’atteindre ses objectifs. La réduction des émissions liées aux FLAG, cependant, ne peut pas être utilisée pour atteindre des objectifs de réduction qui ne concernent pas ce secteur (par exemple, le fait de réduire les émissions générées par les activités agricoles ne peut pas être utilisé pour atteindre les objectifs des infrastructures qui ne concernent pas le secteur FLAG) et il en va de même pour les objectifs d’élimination des émissions.
  • Le guide FLAG de l’iSBT propose à la fois une approche à l’échelle du secteur pour les entreprises dont les émissions sont dues à différentes activités liées au FLAG, ainsi que 11 approches spécifiques aux produits suivants : bœuf, volaille, porc, produits laitiers, maïs, blé, riz, soja, huile de palme, cuir, bois et fibres de bois. Les entreprises sont libres de combiner plusieurs approches spécifiques à des produits et l’approche sectorielle dans le cadre d’une stratégie globale de définition de leurs objectifs en matière de FLAG.
  • Les objectifs en matière de FLAG concernent les émissions « jusqu’à la ferme ». Autrement dit, toutes les émissions générées une fois que les produits ont quitté l’exploitation agricole (par exemple, la transformation des matières premières) ne relèvent pas du secteur FLAG et doivent être traitées comme des émissions à part. Les entreprises devront veiller à faire figurer cette distinction dans leur empreinte.
  • Les entreprises dotées d’objectifs en matière de FLAG doivent s’engager publiquement à ne plus contribuer à la déforestation dans tous les domaines d’émissions d’ici 2025 au plus tard. Cet engagement doit être publié sur le site web de l’iSBT dans la langue qu’elle utilise et il est recommandé de se conformer aux directives de l’initiative de l’Accountability Framework (AFI).
  • L’absorption du carbone biogénique peut être incluse dans le calcul pour atteindre les objectifs en matière de FLAG. Cela comprend notamment l’agroforesterie, la séquestration du carbone dans le sol ou encore la restauration des forêts sur les terres exploitées. Le guide sur le secteur terrestre et les absorptions rédigé par le Protocole sur les gaz à effet de serre, qui sera publié début 2023, expliquera comment prendre en compte ce type d’absorption. En attendant, les entreprises doivent continuer à fixer leurs objectifs afin d’accélérer la mise en œuvre de mesures en faveur du climat.
  • Les entreprises générant des émissions importantes liées aux FLAG sont tenues de fixer un objectif SBT pour ce secteur. Les entreprises de l’industrie agroalimentaire ou celles dont les émissions liées aux FLAG dépassent 20 % dans les champs d’application 1, 2 et 3 sont particulièrement concernées.

L’impact des objectifs SBT en matière de FLAG sur votre entreprise

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Nouveau calendrier pour fixer les objectifs

Les échéances varient en fonction de l’étape à laquelle se trouve l’entreprise dans ses démarches pour définir des objectifs SBT.

  • Si votre entreprise a fixé ses objectifs avant janvier 2020, ils devront être mis à jour avant la fin de l’année 2023.
  • Si vos objectifs SBT ont été fixés ou seront fixés après janvier 2020 et avant avril 2023, alors vous devrez les mettre à jour avant fin 2024.
  • À partir d’avril 2023, toute société qui entreprend de définir des objectifs SBT doit se conformer aux directives concernant le secteur FLAG.

Comment utiliser le guide FLAG

  • Commencez par vous demander si le nouveau guide FLAG de l’iSBT est applicable à votre entreprise et si vous devez mettre à jour vos objectifs (s’ils sont déjà fixés).
  • Si votre entreprise doit mettre à jour ses objectifs ou en fixer de nouveaux, vous devez déterminer ce que cela implique pour votre évaluation de référence, qui doit désormais recenser les émissions liées au FLAG, et fixer différents objectifs à l’aide de l’outil de définition des objectifs SBT en matière de FLAG, développé avec le soutien de Quantis.
  • Dans le cas où les nouvelles directives concernant le secteur FLAG entraîneraient des retards dans la présentation de vos objectifs, veillez à en informer vos investisseurs.

Il est essentiel d’agir dès aujourd’hui pour protéger le climat. Les entreprises ne doivent donc pas suspendre leurs plans de réduction déjà en place en attendant que leurs objectifs en matière de FLAG soient publiquement validés par l’iSBT. Quantis se met à la disposition de ses clients pour les guider à chaque étape du processus, que ce soit pour évaluer les émissions liées aux FLAG, pour définir des approches spécifiques au secteur et à certains produits, ou pour co-créer des stratégies transformatrices afin d’accélérer les mesures visant à respecter l’objectif de 1,5 °C.

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Le meilleur des mondes : mettre sur pied une économie planétaire par Quantis

A Braver New World: Building a planetary economy by Quantis

La société est déphasée avec la nature. Nos systèmes privilégient le gain financier plutôt que le bien-être de l’humain et de la planète. Désormais, nous faisons face à une urgence environnementale. Malheureusement, nous n’avançons pas encore dans la bonne direction. Il est grand temps d’agir.

La science est claire comme de l’eau de roche. Or, la clarté implique l’opportunité et le pouvoir, celui de choisir notre avenir. La science étant notre boussole, Quantis est déjà prête à mener la danse et nous embarquons les entreprises avec nous. Tous ensemble, avec nos partenaires et notre clientèle, nous redéfinissons les règles du jeu pour tendre vers une nouvelle économie alignée sur les limites de la planète. Découvrez la vision de Quantis dans notre nouvelle petite vidéo (en anglais).

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Transformation durable : à quel prix ?

Sustainable transformation: what will it take?  Introducing Generation Glasgow and the quest to tackle barriers to change

Génération Glasgow, une volonté de lever les obstacles à la transformation

Des données indéniables. 

Les constats scientifiques sont sans appel – un futur environnemental, économique et social désirable ne peut aller que dans une direction : celle d’une économie dont le modèle s’inscrit dans les limites des ressources de la planète. Entre les dernières catastrophes climatiques, les conclusions accablantes du sixième cycle d’évaluation du GIEC et le rapport sur l’Évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques de l’IPBES, est-il nécessaire de chercher d’autres confirmations ? Nous voilà face à la plus grande menace pour l’humanité. 

Si les responsables politiques cherchent encore un terrain d’entente pour entamer la transformation, nombre de dirigeants de grandes entreprises opèrent déjà des changements au sein de leurs sociétés en suivant une trajectoire plus durable. Ils sont chaque jour plus nombreux à estimer qu’une transition ambitieuse est indispensable pour pouvoir maintenir leurs activités et ils s’accordent à dire que l’avenir des affaires ne peut être autre que durable. Il s’agit d’un revirement considérable par rapport à il y a cinq ans seulement — et c’est un signe que les choses commencent à prendre la bonne direction.

Pour autant, cette transformation n’a encore atteint ni l’échelle ni la vitesse nécessaire. Les pivots effectués sont encore loin d’être suffisants, soulevant la question suivante : si les entreprises ont le pouvoir de mettre en œuvre la transformation plus rapidement que les gouvernements, qu’est-ce qui empêche donc les avancées nécessaires pour éviter les scénarios climatiques catastrophiques ? 

Cette question est préoccupante. Cependant, plutôt que de mettre en exergue un constat défaitiste pré-apocalyptique, elle indique que quelque chose ne fonctionne pas. Est-ce l’incapacité des dirigeants à projeter une feuille de route précise d’engagements ? Y a-t-il des obstacles impossibles à surmonter ? Ou bien l’enjeu lui-même est-il trop complexe et interconnecté pour que les entreprises puissent avoir la main sur leur propre réinvention ? Une chose est sûre: il n’y aura pas de transformation sans courage de la part des leaders d’aujourd’hui. Pour leur permettre d’affronter les vents contraires, voire d’oser certains renoncements.

Vers une économie dont le modèle s’inscrit dans les limites des ressources de la planète.

L’horloge tourne et le temps des promesses est révolu. Il est maintenant temps d’agir et d’obtenir des résultats. 

Isabelle Grosmaitre, fondatrice de Goodness & Co, Dimitri Caudrelier, PDG de Quantis et Emmanuelle Duez, fondatrice de The Boson Project, ont uni leurs forces pour décrypter quels sont les obstacles à la transformation auxquels se heurtent les dirigeants — pour les aider à les surmonter.

Au cours des 6 derniers mois, le trio a interrogé des dizaines de PDG et de hauts-dirigeants des plus grandes entreprises dans différents secteurs pour recenser les principaux enjeux d’une transformation durable au sein de leurs organisations, identifier les leviers clés de la transformation et déterminer à quel point cette trajectoire durable suscite leur confiance. 

Voici, entre autres, ce qu’ils ont retenu de ces entretiens. 

Une véritable transformation est aussi culturelle.

Les engagements les plus ambitieux et les stratégies les plus audacieuses ne seraient rien sans la mobilisation de tous les métiers à tous les échelons. Pour passer des intentions à l’action pérenne, un œil critique doit être posé sur la culture de chaque entreprise et les biais qui peuvent saboter la mobilisation humaine sur les objectifs environnementaux fixés. Parmi les retours d’expérience qui ont porté leurs fruits pour insuffler les pivots : inviter les jeunes et diverses parties prenantes à prendre place à la table de direction des entreprises pour bousculer les cadres de pensée ; la (dé et re) formation des dirigeants et des salariés pour leur faire oublier les mauvais réflexes et conceptions et les remplacer par des comportements conscients, qui abordent les enjeux de manière holistique.

Une nouvelle coalition : la collaboration s’impose.

Une transformation requiert non seulement une action collective, mais aussi de fortes coalitions qui doivent s’inscrire dans un cadre bien plus vaste que le simple contexte de l’entreprise. Fini les « cavaliers seuls » détenteurs possessifs des bonnes pratiques, l’heure est à la collaboration. Bâtir des passerelles avec des concurrents, des organisations non gouvernementales et des communautés locales, les dirigeants l’affirment, c’est indispensable. Il faut avoir du courage pour sortir de ses retranchements, ces coalitions sont donc essentielles pour combler les lacunes en matière de connaissances, mettre en commun les efforts et les ressources et attirer des regards neufs pour remettre en question le monde des affaires et, d’une manière plus générale, renforcer la puissance de la volonté de changement.

Il est temps de réinventer les structures de gouvernance des entreprises.

Bien que le développement durable constitue une question stratégique et opérationnelle, peu nombreuses sont les entreprises dotées de structures organisationnelles conçues pour le traiter comme tel. Si les dirigeants doivent conduire des programmes ambitieux, qui révolutionnent complètement leurs entreprises, la gouvernance de l’entreprise doit, elle aussi, être transformée. Les dirigeants interrogés ont souligné la nécessité de passer d’une économie d’actionnaires à une économie de parties prenantes. Le défi : obtenir l’adhésion des membres du conseil d’administration, des actionnaires et de la direction à cette vision également.

L’importance de la finance ne doit pas être sous-estimée.

Ces dernières années, le secteur de la finance a tiré la sonnette d’alarme — s’il ne s’agissait au départ que d’investisseurs isolés, ils reconnaissent aujourd’hui plus largement la nécessité d’un changement de paradigme. Il existe un élan, le plus urgent est de tirer parti de cette mobilisation – particulièrement visible lors de la COP 26 – et d’en profiter pour passer à l’action. Les personnes interrogées ont insisté sur le besoin de redéfinir la notion de performance afin d’y inclure une valeur non financière, les engagements des actionnaires en faveur du financement de la transition et de l’harmonisation des normes d’information.

Il est nécessaire de motiver le changement à l’échelle gouvernementale.

La quasi-totalité des personnes interrogées estime que le soutien du gouvernement est un levier essentiel pour concevoir une transformation à l’échelle systémique. Ce soutien permet en effet d’égaliser le terrain en tirant les retardataires de l’industrie vers le haut, d’envoyer un message positif à ceux qui sont à l’avant-garde et il constitue une véritable motivation pour favoriser des modèles économiques durables. Les entreprises doivent renforcer le dialogue avec les gouvernements, afin de collaborer sur des normes plus robustes et communes — plutôt que disparates — et veiller à instaurer des cadres réglementaires adaptés à la transformation.

D’un entretien à l’autre, les obstacles qui se dessinaient étaient de même nature – principalement structurelle et culturelle. Il s’agissait d’une première, pour beaucoup de dirigeants, de parler ouvertement et franchement de ces défis. Et il était clair pour Dimitri, Isabelle & Emmanuelle qu’il y avait là un enjeu à adresser – donner aux dirigeants l’opportunité de se réunir pour partager leurs expériences et principales difficultés et leur permettre de concevoir conjointement des solutions visant à éliminer les points sensibles majeurs qu’ils ont en commun.

S’appuyant sur ce premier travail d’état des lieux, Goodness & Co., Quantis et The Boson Project travaillent main dans la main à la création de Generation Glasgow, un mouvement de dirigeants d’entreprises désireux d’aller au-delà de la ronde de conférences sur le changement climatique et de se frayer un chemin vers la transformation. Les premiers membres sont issus de grandes entreprises des secteurs de l’alimentaire, de la mode, des cosmétiques, de la finance, de l’hôtellerie et de l’assurance, dont les chiffre d’affaires cumulés s’élèvent à 123 milliards d’euros. Plus de 30 organisations sont représentées, dont Accor, Aigle, Bel, CliMates, Camif, Chanel, Decathlon, EM Lyon, Eurazeo, Groupe Rocher, HEC Paris, Interface, L’Oréal, Maif, Réveil Écologique, Schneider Electric, Sycamore Asset Management, Time for the Planet, Veolia, Jeunes Ambassadeurs pour le Climat (JAC). Leur regard a été enrichi par des leaders d’opinion en matière de durabilité, notamment Bertrand Badré, Dominique Bourg, Emmanuel Faber et d’autres.

Toutes ces entreprises partagent la même volonté d’agir face au plus grand défi auquel notre société ait jamais dû répondre. 

Nous vous tiendrons informés des prochaines actions de la Génération Glasgow début 2022. 

Isabelle, Dimitri & Emmanuelle

L’iSBT lance un Standard Net-Zero international pour les entreprises

Global net zero standard for business

C’est officiel ! L’initiative Science Based Targets (iSBT) lance le Standard Net-Zero (contenu disponible en anglais) tant attendu. Il s’agit du tout premier cadre international pour les entreprises ayant pour objectif de réduire leurs émissions. Il permettra à ces dernières a de se fixer des objectifs crédibles et solides en vue d’un avenir à 1,5°C.

Au cours des dernières années, le nombre d’engagements des entreprises vers un objectif Net-Zero est monté en flèche. Pourtant, l’absence d’un cadre commun fondé sur la science, laissant libre cours à l’interprétation, menaçait de déboucher sur de faux-semblants en termes d’engagement, ou commitment-washingLes attentes étant désormais clairement définies par la Standard Net-Zero, les entreprises peuvent s’assurer que leur trajectoire de réduction est conforme à la science du climat

Quantis a apporté sa contribution au Standard Net-Zero en rassemblant les éléments clés pour que vous disposiez des informations les plus à jour.

“Au milieu de la vague d'engagements Net-Zero, ce nouveau Standard apporte la clarté dont nous avons tant besoin et nous oblige à voir les choses en face : sans réductions drastiques, il n'y aura pas de Net-Zero.”

Charlotte Bande
Responsable de la Stratégie Climat, Quantis

Ce que vous devez savoir :

  • Réductions concrètes et rapidité d’action : Le Standard Net-Zero impose en priorité des objectifs de réduction draconienne, absolue, sur l’ensemble de la chaîne de valeurs. Des objectifs à court terme sont requis afin de garantir l’immédiateté des réductions. Pour le long terme, l’iSBT définit des objectifs de réduction des émissions résiduelles compris entre 80 % et 100 % pour plusieurs secteurs.
  • Ambition accrue : L’iSBT revoit ses exigences à la hausse pour tous les critères. Pour les objectifs à court terme (à partir de juillet 2022), les entreprises doivent aligner leurs objectifs relatifs aux catégories 1 et 2 sur une trajectoire conduisant à une augmentation minimale « de 1,5°C » (précédemment : « bien en deçà de 2°C ») et leurs objectifs relatifs à la catégorie 3 sur une trajectoire conduisant à une augmentation minimale « bien en deçà de 2°C » (précédemment : « de 2°C »). L’année visée doit être située dans les cinq à dix ans à compter de la date de soumission des objectifs (précédemment : dans les 5 à 15 ans). Les objectifs à long terme doivent couvrir 90 % de la catégorie 3 (soit 67 % au-dessus du seuil appliqué aux objectifs à court terme) et être alignées sur la trajectoire 1,5°C.
  • Prétentions claires : Pour pouvoir prétendre avoir atteint leur objectif Net-Zero, il faudra que les entreprises soient parvenues à la réalisation de leurs objectifs de réduction absolue d’ici leur année visée. Autrement dit, une entreprise s’étant engagée à atteindre le Net-Zero d’ici à 2040 ne pourra aucunement prétendre avoir atteint cet objectif si elle n’est pas réellement parvenue à une réduction absolue comprise entre 80 % et 100 % – indépendamment du fait qu’elle se soit engagée par ailleurs dans des activités visant la neutralisation.
A 1 5 C aligned Net-zero pathway - Quantis

Pour approfondir :

  • La validation des cibles zéro émission nette par l’iSBT commencera en janvier 2022. Les entreprises devront réserver un créneau pour l’évaluation de leurs objectifs Net-Zero, et les créneaux disponibles partent vite ! Prenez contact avec nous pour en savoir plus.
  • En mars 2022, un outil et une méthodologie spécifiques seront mis à la disposition des entreprises ayant un impact important sur les terres forestières et les terres agricoles. Ces instruments incluront des trajectoires relatives au changement d’affectation des terres et aux absorptions résultant de l’utilisation des terres.

Ce que vous pouvez faire :

  • Si vous souhaitez soumettre vos objectifs Net-Zero, qu’il s’agisse d’objectifs à court terme, à long terme, ou les deux, Quantis peut vous aider tout au long de cette démarche.
  • Si votre entreprise a un impact important sur les terres forestières et les terres agricoles, nous vous recommandons d’attendre le lancement de l’outil et de la méthodologie spécifiques, en mars 2022, avant de fixer de nouveaux objectifs. Entre-temps, Quantis peut vous fournir les orientations les plus à jour étant donné que nous travaillons en parallèle avec le World Wildlife Fund (WWF) sur l’élaboration de la trajectoire sectorielle relative aux terres forestières et aux terres agricoles.
  • Si vous avez déjà adopté vos objectifs SBT et n’envisagez pas de définir d’objectifs Net-Zero à long terme, vos objectifs SBT restent en vigueur et vous pouvez continuer sur cette trajectoire, en révisant ces derniers dans le délai imparti de cinq ans.
  • Si vous avez déjà défini vos objectifs Net-Zero, le Standard Net-Zero peut vous permettre de confirmer leur crédibilité et leur alignement sur le climat.

Sept entreprises ont déjà reçu l’approbation de leurs objectifs Net-Zero dans le cadre de la procédure pilote et plus de 600 autres se sont engagées à définir les leurs dans les mois à venir. Il est temps de définir une stratégie climatique ambitieuse et de donner un nouvel élan à la transformation de votre entreprise en faveur du développement durable !

Vous souhaitez en savoir davantage sur la définition d’objectifs Net-Zero ? Prenez contact avec Charlotte Bande.

Charlotte Bande
Responsable de la Stratégie Climat
Quantis

La question de la biodiversité, une énigme à résoudre pour les entreprises

When it comes to biodiversity, businesses are at a loss

Vous en avez entendu parler comme de la « crise biologique », de la « crise écologique », ou encore, de la « sixième extinction massive ». Quel que soit le nom qui lui est donné, il ne fait aucun doute que l’effondrement toujours plus rapide de la diversité biologique aura de dangereuses répercussions sur la résilience écologique, ainsi que sur la santé et la sécurité humaines.

La pandémie de COVID-19 a montré de manière alarmante le lien inextricable qu’il existe entre l’humanité et la nature et les conséquences dévastatrices et indélébiles que peut avoir la dégradation de l’environnement. D’après Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, la pandémie de COVID-19 constitue une mise en garde on ne peut plus claire. La question se pose désormais de savoir de quelle manière il convient d’y faire face, sachant qu’il n’existe que deux possibilités : rester dans la passivité ou passer à l’action. Nous pouvons continuer de traiter « nos affaires courantes » , comme si de rien n’était, tout en retenant notre souffle en vue des catastrophes massives qui se profilent à l’horizon, ou, au contraire, nous pouvons envisager la biodiversité comme l’une de nos plus grandes forces dans la lutte contre le changement climatique et la recherche d’un avenir prospère pour les personnes et la planète. Le choix semble évident, où se situe donc la difficulté ? Contrairement au concept de changement climatique, il est moins facile d’appréhender les notions de biodiversité et de services écosystémiques. Lorsqu’il s’agit de faire face à la perte de biodiversité, de nombreuses entreprises sont, sans mauvais jeu de mots, perdues.

Voici ce que vous devez savoir pour lutter de manière efficace contre la perte de biodiversité.

Comme l’indique une étude récente menée par Quantis parmi 29 des plus grandes entreprises, 86 % des sociétés interrogées répondent avoir ou envisager d’avoir une stratégie en matière de biodiversité pour les deux années à venir, mais seulement 4 % d’entre elles estiment être suffisamment informées sur les actions qu’il convient d’entreprendre. Si vous vous reconnaissez parmi les 96 % restants, sachez que vous n’êtes pas seuls ! En effet, parmi ces professionnels en développement durable, nombreux sont ceux qui se sentent perplexes pour répondre à cette problématique. Voici donc quelques renseignements utiles pour ce faire.

La biodiversité a-t-elle une quelconque valeur pour une entreprise ? Oui, et il s’avère qu’elle est considérable.

La biodiversité et la réussite d’une entreprise peuvent aller de pair. Une étude récente de Swiss Re Institute estime que plus de la moitié du PIB mondial dépend de la bonne santé de la biodiversité et de la performance des services écosystémiques. À titre d’exemple, les pollinisateurs rendent la production agricole possible, tandis que les microorganismes des sols sont indispensables à la fertilité de ces mêmes sols ; ce qui représente une somme non négligeable de 41,7 billions de dollars. Ce n’est pourtant que récemment, alors que la diversité biologique est en chute libre, que sa préservation commence à être prise en considération : non seulement en raison de la disparition de nombreuses espèces, mais aussi à cause de la perte de biomasse.

L’origine de ce phénomène réside principalement dans le changement d’affectation des terres, mais l’exploitation des ressources, le changement climatique et la pollution ne sont pas étrangers au problème. C’est une mauvaise nouvelle pour la planète et pour la résilience des entreprises. Un scénario selon lequel les industries exploitant les terres continueraient de traiter leurs affaires courantes comme si de rien n’était aurait un effet boule de neige sur la chute des rendements, l’amoindrissement de la qualité des cultures et de la valeur nutritionnelle des denrées alimentaires.

Cependant, malgré un bilan actuel qui semble désastreux, tout n’est pas perdu. La bonne nouvelle est que la nature s’en sort toujours, si on lui laisse le temps de le faire. Nous avons pu le constater plus tôt cette année, alors que la pandémie avait réduit l’activité humaine. En Camargue (France), les populations de flamants roses si connues ont été multipliées par dix !

Les entreprises qui travaillent à la protection de la biodiversité ont saisi l’occasion qui leur était donnée de faire face aux risques liés aux chaînes d’approvisionnement, tout en suscitant la confiance des consommateurs et des investisseurs — qui surveillent de près ceux qui retardent le passage à l’action en faveur de la nature. Il importe donc de retenir qu’en tenant compte de l’affectation des terres et des changements dans ce domaine, les entreprises peuvent faire face au premier facteur de la perte de biodiversité et à ses répercussions sur le climat, protégeant ainsi les puits de carbone qui s’avèrent des solutions naturelles essentielles pour lutter contre le changement climatique. Dans cette situation tout le monde serait gagnant.

Grâce à une étude de cas approfondie, de nouvelles initiatives de collaboration mettent la biodiversité à l’ordre du jour, à l’instar de la Commission européenne dans le cadre de la campagne Business et Biodiversité ou le Club B4B+ (Business for Positive Biodiversity). En septembre, un nombre record d’entreprises (dont Quantis), cumulant un chiffre d’affaires de 4 billions de dollars, a répondu à l’appel à l’action de la coalition internationale Business for Nature, qui a pour but d’enjoindre aux gouvernements d’adopter des politiques visant à inverser la destruction de la nature d’ici la fin de cette décennie.

L’engagement est là. Il est maintenant temps de passer à l’action. C’est de cette manière que les entreprises peuvent choisir d’agir pour le mieux.

Sauter le pas, en passant de la gestion de la réputation au changement systémique

Actuellement, l’action des entreprises en faveur de la biodiversité en est là où la stratégie climatique en était des années auparavant : elle vise toujours davantage de réductions et de petites victoires qui seront, ou non, pertinentes vis-à-vis des impacts réels des entreprises.

Bon nombre de sociétés se concentrent sur des matières premières ou des espèces emblématiques qui présentent des risques pour la réputation d’une marque. Cette approche à court terme et désuète est souvent réactionnelle et déconnectée de toute autre initiative durable. En l’absence d’une stratégie quantitative et fondée sur des données scientifiques, les entreprises peuvent passer à côté de points chauds cruciaux dans leur chaîne de valeur et manquer les facteurs sous-jacents qui mettent leurs activités en péril.

Comme pour la stratégie climatique, il est temps d’envisager une approche systémique alignée sur la science et ancrée dans une stratégie d’entreprise.

En alignant votre stratégie en matière de biodiversité sur d’autres problématiques, telles que celles relatives aux terres, au climat et à l’eau, vous pouvez constater des synergies considérables qui permettent d’éviter les transferts d’impacts d’une problématique à l’autre.

Adopter la bonne stratégie : une action climatique globale, pertinente et alignée sur les objectifs climatiques

À quoi ressemblent les meilleures stratégies en matière de biodiversité ? Elles sont globales, pertinentes et alignées sur les objectifs climatiques. Globales parce qu’elles supposent une évaluation des conséquences de la biodiversité sur l’ensemble de la chaîne de valeur et une action en la matière. Une analyse approfondie quantitative de la chaîne de valeur permet aux entreprises de déceler les points chauds en matière de biodiversité, autrement dit, les domaines dans lesquels la perte de biodiversité est la plus importante, et de concentrer leurs efforts sur ces points.

Il s’agit de cibler les interventions là où elles sont les plus essentielles, d’où la notion de pertinence. Les initiatives de fortune qui ne se soucient que d’une espèce ou d’un domaine de la chaîne de valeur passent complètement à côté de l’objectif.

Ainsi : une société alimentaire dont les produits phares seraient le café et le cacao ne peut pas décemment penser être crédible si elle concentre sa stratégie en matière de biodiversité sur les ruches qu’elle arbore sur les toits de ses bureaux en Europe. De la même manière, une entreprise de prêt-à-porter dont 95 % des revenus seraient tirés de produits en cachemire ne pourra pas prétendre faire des progrès de taille en concentrant sa stratégie sur un projet d’agriculture régénératrice du coton. Au contraire, les entreprises seront sur la bonne trajectoire vers une réussite durable lorsqu’elles définiront leur niveau d’ambition et orienteront leurs décisions en matière de biodiversité en les fondant sur des données scientifiques.

Veillez à entreprendre des actions visant à lutter contre la destruction de la nature qui soient pertinentes vis-à-vis des domaines dans lesquels vos impacts sont majeurs.

Enfin, les stratégies les plus efficaces en matière de biodiversité s’inscrivent dans le droit fil des objectifs climatiques et sont intégrées dans les efforts mobilisés pour y parvenir, de sorte que des progrès dans un domaine permettent des progrès dans un autre et que tout transfert d’impact soit évité. En juin 2021, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a publié un rapport dans lequel l’interdépendance entre le climat et la biodiversité est examinée. Ce rapport indique de quelle manière les actions visant à limiter le changement climatique influencent la nature : la plupart apportent des bénéfices accessoires (tels que la protection et la restauration des écosystèmes) à quelques exceptions près (par exemple la demande pressante de terres, due à la production accrue de biocarburant). Ce sont autant de preuves de la nécessité d’intégrer la biodiversité dans une stratégie globale à une fin de durabilité.

Une approche intégrée peut également aider les entreprises à gérer les réductions d’émissions et les absorptions pour parvenir à la neutralité en carbone.

Commencez par évaluer votre empreinte écologique

Comment vous assurer que votre stratégie répond à tous les critères (autrement dit qu’elle est globale, pertinente et alignée sur les objectifs climatiques) ? En dressant le bilan des impacts de votre entreprise et en les comprenant.

Diverses méthodes et techniques d’évaluation ont vu le jour en matière de mesure d’impacts sur la biodiversité et, à ce stade, une approche normalisée n’a pas encore été définie. Les choses sont particulièrement compliquées pour ce qui est de la problématique de la biodiversité, car les mesures d’évaluation sont plus variées que pour d’autres problématiques durables.

Si les incidences sur le changement climatique peuvent être mesurées à l’échelle mondiale grâce à l’indicateur des émissions de gaz à effet de serre, les incidences sur la biodiversité sont extrêmement localisées et multidimensionnelles. Pas moins de 10 à 15 indicateurs ont été proposés par l’IPBES pour mesurer les principaux facteurs de perte de biodiversité.

Chez Quantis, nous avons élaboré une analyse d’impact sur la biodiversité (biodiversity impact assessment) qui offre une vue d’ensemble des impacts de l’entreprise —qui pourrait correspondre à l’empreinte écologique de l’entreprise.

L’outil exploite les connaissances les plus pointues en matière d’évaluation scientifique d’empreinte écologique (l’analyse du cycle de vie, ou ACV) et il intègre les données locales en matière de lutte contre le changement climatique, l’épuisement des ressources en eau, les émissions polluantes et l’utilisation des terres. Cette approche permet aux entreprises d’analyser leur impact sur l’ensemble de la chaîne de valeur et de recenser les matières premières et les activités qui ont la plus grande incidence sur la nature, ainsi que de définir leur incidence géographique.

Avec cette ligne de départ, il est possible de mettre au point l’approche idéale et les méthodes à utiliser, par exemple des initiatives spécifiques au terrain, une stratégie d’engagement de la part des fournisseurs, ou le grand plongeon dans une problématique spécifique, telle que la santé des sols. Une analyse peut également s’avérer cruciale pour motiver les parties prenantes internes à prendre part à l’initiative, car elles joueront un rôle moteur essentiel à la transformation, y compris les équipes de développement produit, d’approvisionnement et les fournisseurs.

Des ateliers et des espaces d’apprentissage ludique sont autant de moyens efficaces pour tenir les équipes internes informées sur les tendances en matière de biodiversité et obtenir leur adhésion aux notions clés en les aidant à percevoir la manière dont la biodiversité pourrait revêtir une importance dans certaines de leurs activités particulières, ainsi que la mesure dans laquelle une transformation est nécessaire.

Les objectifs de votre entreprise sont-ils clairement définis ?

Lorsque l’initiative Science Based Targets [Objectifs fondés sur des données scientifiques] a été lancée, elle a servi de catalyseur pour une nouvelle référence en matière de stratégie climatique. Plus de 1 000 entreprises se sont déjà engagées à utiliser des données pour orienter leur transformation d’entreprise, dans le droit fil de l’objectif visant à contenir le réchauffement climatique sous le seuil de 1,5 °C.

L’initiative Science Based Targets for Nature devrait bientôt avoir le même effet dans le cadre de la préservation de la diversité biologique. Nous avons une chance inouïe de pouvoir contribuer à inverser la destruction de la nature et à régénérer la biodiversité. Quantis a formulé des recommandations sur l’orientation initiale destinée aux entreprises portant sur les mesures liées à l’environnement, développées par notre partenaire, le réseau Science Based Targets, et des méthodes devraient être publiées en 2022.

Grâce à une analyse d’impact sur la biodiversité, les entreprises seront armées pour fixer leurs objectifs et avancer dans l’élaboration d’une stratégie fondée sur des données scientifiques en matière de biodiversité. Si vous êtes prêts pour la suite, parlons-en !

Destination net-zéro : comment construire une stratégie de neutralité crédible

Net-Zero and climate neutral

2020 est la Super Année du développement Durable – l’année où nous pourrions tout changer, alors que d’importantes décisions sont prises sur le climat et la biodiversité au niveau mondial. Le Parlement européen ayant déclaré une urgence climatique en fin d’année 2019, la montée en puissance est palpable. Malgré les incertitudes résultantes de la COP25, près de la moitié du PIB mondial est couvert par des objectifs ou des engagements net-zéro. Le secteur des entreprises fait également du changement climatique la priorité absolue en matière de développement durable, répondant à la pression croissante des investisseurs et des consommateurs.

Désireux de se positionner en tant que leaders du pack climat, un nombre croissant d’entreprises relèvent les enjeux et s’engagent pour la destination climat que les leaders de la science ont fixé : zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 ° C. Ce qui vient ensuite, c’est de veiller à ce que ces engagements « neutralité carbone », « net-zéro », voire « climat neutre » soient traduits en plans d’action qui atteindront effectivement net-zéro.

Une stratégie net-zéro crédible réduit d'abord les émissions autant que possible, puis équilibre les émissions résiduelles grâce à des mécanismes d’élimination de carbone. Les chefs d'entreprise qui adopteront cette priorité - et achemineront les capitaux en conséquence au cours de la prochaine décennie - détermineront si nous atteindrons notre destination 2050.

On nous demande souvent si une stratégie en neutralité carbone illustre une action climatique ambitieuse. La réponse dépend de ce que la stratégie implique. Le « net-zéro » est atteint lorsque les activités de la chaîne de valeur d’une entreprise n’entraînent aucun impact net sur les Gaz à Effets de Serre (GES). Les entreprises y parviennent en réduisant le plus possible les émissions de GES et en équilibrant les éliminations de dioxyde de carbone (EDC). L’efficacité et la légitimité du passage au net-zéro d’une entreprise dépendent de la façon dont cette dernière priorise les réductions d’émissions de GES par rapport aux EDC.

Les crédits carbone : remède miracle où fausse piste ?

Certaines entreprises ont misé sur les crédits carbone pour atteindre la neutralité carbone. Ces crédits sont considérés comme une « solution miracle », une solution simple à un problème complexe. Mais se précipiter vers ces derniers peut devenir une « fausse piste », distrayant les entreprises de la véritable transformation dont elles ont besoin pour continuer à prospérer dans les années à venir. Une stratégie net-zéro crédible est une stratégie long terme. Les entreprises doivent d’abord investir dans la mise en place d’une stratégie solide de réduction de l’impact climatique plutôt que de consommer du capital en crédits de carbone annuels pour se précipiter vers zéro.

« Il peut être intéressant pour une entreprise de « faire un bond jusqu’à zéro » en compensant toutes les émissions actuelles en achetant des crédits carbone et en déclarant avoir atteint la neutralité carbone ou climatique », déclare Charlotte Bande, expert en stratégie climatique chez Quantis. « Mais si les entreprises investissent dans des crédits carbone annuels au détriment de la mise en place d’une stratégie fondée sur la science du net-zéro, elles pourraient se retrouver dans une situation plus précaire dans cinq ou dix ans – financièrement, écologiquement et en termes de réputation. 

Définir des objectifs net-zéro crédibles

À l’heure actuelle, les objectifs de « neutralité » des entreprises varient considérablement en termes de champ d’activités couvertes, d’impact climatique, d’atténuation des risques et de délais. Alors que les détails des objectifs de net-zéro fondés sur la science sont encore en cours d’élaboration, le cadre est clair : d’abord réduire les émissions autant que possible, puis équilibrer les émissions résiduelles avec l’EDC. Les chefs d’entreprise qui réussissent – et acheminent les capitaux en conséquence au cours de la prochaine décennie – détermineront la capacité du monde à atteindre notre destination 2050.

En septembre 2019, la « Science Based Targets initiative (SBTi) » a publié un document rigoureux, Towards a science-based approach to climate neutrality in the corporate sector, basé sur les descriptions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Alors que la SBTi se prépare à publier des orientations et des critères définitifs sur comment définir ce type d’objectifs d’ici mi-2020, trois éléments clés ressortent déjà :

+ Clarifier l’ambition de votre objectif

Lorsque les entreprises se fixent un objectif de neutralité, il est important de suivre les définitions du GIEC des différents concepts de neutralité pour délimiter le champ d’impacts climatiques couvert par l’objectif de l’entreprise.

  • « Neutralité carbone » fait référence à des émissions nettes de dioxyde de carbone.
  • « Zéro émission nette » comprend d’autres GES au-delà du dioxyde de carbone, tels que le méthane, Protoxyde d’azote, etc.
  • « Neutralité climatique » englobe tous les GES et « effets biogéophysiques régionaux ou locaux d’activités humaines » – il est particulièrement pertinent pour le secteur de l’aviation.

+ Tout d’abord : des objectifs de réduction fondés sur la science

Le pilier d’un objectif net-zéro crédible est un objectif de réduction fondé sur la science. Les entreprises font preuve d’une ambition climatique crédible en fixant d’abord un objectif scientifique pour décarboniser les émissions de leur chaîne de valeur. Donner la priorité à un plan de réduction est plus ambitieux car il nécessite l’engagement des parties prenantes internes et la transformation des modèles économiques. Les investissements pour réduire les émissions peuvent sembler complexes et coûteux par rapport à un plan de compensation externe. Mais les stratégies de réduction ont un effet permanent, alors que les crédits carbone sont un coût annuel : une tonne de carbone compensée en 2020 devra être rachetée en 2021.

+ Les éliminations de dioxyde de carbone : c’est pour le reste

Les éliminations de dioxyde de carbone devraient être utilisées « dans une certaine mesure pour neutraliser les émissions provenant de sources pour lesquelles aucune mesure d’atténuation n’a été identifiée ». Elles devraient être utilisées en plus des efforts de réduction, et non comme un substitut à la décarbonisation. Toutes les solutions d’ajustement des émissions ne sont pas créées de manière égales et des critères sont encore en cours de définition. L’utilisation la plus efficace de l’EDC est celle qui se produit dans la chaîne de valeur d’une entreprise.

« Il peut être intéressant pour une entreprise de « faire un bond jusqu’à zéro » en compensant toutes les émissions actuelles en achetant des crédits carbone et en déclarant avoir atteint la neutralité carbone ou climatique. Mais si les entreprises investissent dans des crédits carbone annuels au détriment de la mise en place d'une stratégie fondée sur la science du net-zéro, elles pourraient se retrouver dans une situation plus précaire dans cinq ou dix ans - financièrement, écologiquement et pour leur réputation. »

Charlotte Bande, Expert en stratégie climatique, Quantis

Une stratégie en neutralité carbone démontre-t-elle donc une action climatique ambitieuse ? Un récent reportage de France Inter a souligné que 82% des plus grandes entreprises françaises n’avaient pas de stratégie de neutralité carbone en 2018, et a utilisé ce critère pour évaluer la gravité de l’ambition climatique d’une entreprise. Comme nous l’avons vu, nous ne pouvons pas dire grand-chose de ce seul critère. De toute évidence, les stratégies à court terme telles que « neutralité carbone en 2019 » ne garantissent aucun changement important des modèles économiques requis pour s’aligner sur un avenir à 1,5 degré.

Pour déterminer l’ambition climatique, une meilleure question serait de savoir si : « cette entreprise s’est-elle engagée à développer un modèle économique conforme à 1,5 ° C visant net-zéro d’ici 2050 ? » C’est exactement ce que la campagne Business Ambition for 1.5, récemment lancée par UN Global Compact a pour vocation. À ce jour, 177 dirigeants d’entreprise se sont engagés à poursuivre la transformation durable de manière crédible et fondée sur la science.

Chez Quantis, nous appelons à la Super Année 2020 avec l’espoir et l’attente de voir plus de responsables climatiques audacieux, monter en puissance et rallier leurs entreprises autour de cette vision partagée. Nous sommes impatients de faire ce voyage ensemble : destination net-zéro 2050 !

Prêt pour un engagement net-zéro ? Laissez Charlotte vous guider

Charlotte Bande
Responsable de la Stratégie Climatique
Quantis